FRÈRES ENNEMIS
Un polar d’une intensité rare
Un truand se retrouve pris dans un engrenage infernal. Alors qu’avec deux collègues, il s’apprête à faire une petite livraison de cocaïne, ces deux derniers sont abattus à bout portant. Mais le chauffeur était un indic pour un ami d’enfance à eux, flic, qui se retrouve alors avec la crime sur le dos…
D'une situation classique d'anciens amis ayant choisi chacun une voie différente, l'un vers la police, l'autre vers un gang de trafiquants, David Oelhoffen (brillant réalisateur du captivant et tortueux "Loin des hommes", mais aussi scénariste de renom : "L’affaire SK1", "Sauver ou périr"…) tire un thriller haletant, centré sur les notions d’intégrité et de culpabilité. Enquête à deux facettes, "Frères ennemis" dispose ainsi à la fois d'une intrigue aux rebondissements crédibles et de personnages substantiels, dont l'intimité possède une épaisseur certaine.
Imprégnant son récit d'un certain malaise des banlieues, l'auteur offre à Reda Kateb et Matthias Schoenhaerts deux rôles sur mesure, alliant droiture et tactique pour le premier, fièvre et obstination pour le second. Mais "Frères ennemis" fait preuve aussi d’une tension permanente dans la mise en scène, donnant des sensations de vertige (la fuite de Manuel, l’aspect déboussolé de Driss...), ou de danger (la scène de tension autour du SUV de surveillance…). Doté d’une certaine dimension sacrificielle, mêlant les notions de respect et de patience à celles de tactique, le scénario laisse peu de place à une tendresse, qui rejaillit comme couperet sur la fin. De quoi satisfaire à la fois les fans de polar efficace et ceux qui attendent de ceux-ci une réelle dimension humaine.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur