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FRÈRE ET SOEUR

Un film de Arnaud Desplechin

L’irrationnel dans la relation fraternelle

Louis explose de colère lorsque son oncle vient lui présenter ses condoléances alors qu’il vient de perdre son fils de six ans. Il crie, il vocifère, et il maudit sa sœur qu’il n’a pas vue depuis 15 ans. Plus tard, lorsque leurs parents sont victimes d’un accident et se retrouvent à l’hôpital, la mère dans le coma, il doit lui aussi rendre visite à ceux ci, risquant de croiser à nouveau sa soeur…

Frère et soeur film movie

Si depuis quelques années les films d’Arnaud Desplechin sont de plus en plus personnels, ceux-ci sont malheureusement de moins en moins déchiffrables. "Frère et sœur", son dernier long métrage, présenté en compétition au Festival de Cannes 2022 est certainement l’un des moins accessibles de sa filmographie, si on met à part "Les Fantômes d’Ismaël", qui avait fait l’ouverture de Cannes il y a quelques années. Beaucoup sortiront donc du film déconcertés, cherchant probablement des réponses qui n’existent pas forcément, tout comme le frère interprété par Melvil Poupaud recherche ici une explication à la haine que sa sœur lui voue depuis des années. C’est sans doute de cette complexité d’une relation fusionnelle ou au contraire conflictuel entre deux êtres forcés de se côtoyer que Desplechin a tenté d’approcher au travers de ce double portrait de personnages tantôt touchants tantôt agaçants.

Marion Cotillard est donc la sœur, actrice de théâtre, bouleversée par l’accident qui a touché ses parents, fragile et constante à la fois, blessée par les livres de son frère, qu’elle ressent chaque fois comme des coups de poignards. Et quoi de mieux qu’une fan inconnue pour permettre la verbalisation de son ressenti. Il y a là sans doutes les plus belles scènes du film, les plus touchantes en tous cas, Desplechin jouant alors élégamment de flashs-back où la douceur masque à peine une certaine forme de jalousie. Melvil Poupaud interprète le frère, devenu écrivain, personnage étrange et un rien comédien, comme frustré de n’avoir pas été lui même acteur. La verve dont il fait preuve dans la scène d’ouverture sent le monologue longtemps répété (telle une rancœur ruminée), légèrement trop écrit, comme certains des dialogues qui l’impliquent lui et sa femme (Golshifteh Farahani) tout au long du métrage. Mêlant jalousie, rivalité latente, mais aussi enjeux plus intimes, "Frère et sœur" est un film dans lequel les personnages parviennent au final difficilement à toucher, tant la conclusion se fait attendre et les fins semblent maladroitement se succéder.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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