FREE IN DEED
Détresse et croyance à l'excès
À la surprise générale "Free in deed", centré sur un Afro-américain dans le milieu des "new born christians" et qui semble incapable d'avancer dans la vie, a remporté le Prix Orrizonti au Festival de Venise 2015. Le film s'intéresse avant tout à la rencontre de deux êtres dans la détresse, chacun pour des raisons différentes. Lui cherche vraisemblablement à se (faire) pardonner quelque chose et semble avoir peur de tout contact. Elle n'arrive plus à assumer la charge que représente son fils, devenu difficilement contrôlable.
Dessinant intelligemment les contours d'un environnement qui les enfonce peu à peu dans la misère (il accepte un boulot ingrat pour payer son motel, elle se fait cambrioler au plus mauvais moment...), le scénario pointe aussi du doigt la difficulté de toute entraide (la police oblige à fermer un point de ravitaillement pour les nécessiteux, faute de licence...). Ponctué par des prêches endiablés, "Free in deed" résonne comme un multiple appel au secours, ses personnages ne sachant plus vers qui se tourner hormis les religieux.
Mettant en avant de pénibles scènes de prière, il offre malgré tout quelques belles scènes où sont montrées l'incapacité de chacun à accepter l'aide de l'autre. Ainsi, celle où Alec tente une prière sur la femme, et où ‒ en gros plan ‒ leur bouche se rapproche subrepticement, est particulièrement troublante. Sur un ton globalement désenchanté, Jake Mahaffy réussit au final une œuvre sensible quoiqu'un peu répétitive.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur