FRANCE
Pas si douce, France !
France de Meurs est une journaliste star. Mais plusieurs « bad buzz » vont venir éclabousser sa carrière. Accompagnée de sa productrice, elle va devoir retrouver la lumière pour briller à nouveau…
Proposer une satire cinématographique sur le métier de journaliste est en soi en acte osé, d’autant plus lorsqu’elle est présentée au Festival de Cannes, devant un parterre de journalistes précisément. Dire que l’accueil de "France" a été ainsi froid est un doux euphémisme, une grande partie de la salle de la première projection presse ayant exprimé oralement son mécontentement. Alors, est-ce que la nouvelle comédie de Bruno Dumont mérite cette réputation d’objet sulfureux ? La réponse est probablement non, le film étant un vulgaire pastiche sans âme ni autre ambition que tirer à balle réelle sur le milieu des médias et la starification de ceux qui passent à l’antenne. Soit une démarche pouvant être intéressante si elle avait été appuyée par une quelconque réflexion sur les raisons et les conséquences de ce paysage audiovisuel, familièrement appelé le PAF.
Du nom de sa protagoniste, France de Meurs, au choix des décors, en passant par les quelques rebondissements scénaristiques, tout est de mauvais goût, grossier et pataud. L’intrigue, elle, n’est que prétexte pour que le réalisateur puisse exprimer sa colère d’un jeu médiatique qui semble le dégoûter au plus haut point (sauf peut-être lorsqu’il s’agit de faire la promo de ses œuvres…). La caméra suit hasardeusement la vie professionnelle et personnelle d’une présentatrice aux choix éditoriaux douteux mais dont la beauté habille la une de nombreux magazines people. Souvent accompagnée d’une productrice aussi arriviste qu’elle, dont le leitmotiv pourrait être « tout buzz est bon à prendre tant qu’il finit en tendances Twitter », elle court après le scoop, assoiffée par un besoin vital de reconnaissance.
Si le cinéma de Bruno Dumont peut rebuter, son minimalisme et sa radicalité témoignaient généralement d’un parti pris fort, d’un certain onirisme qu’il soit comique ou plus dramatique, à l’image de ses premiers travaux ("La Vie de Jésus", "L’Humanité"). Ici, la sobriété n’est que représentative du vide abyssal offert aux spectateurs, l’hyperbole perdant son statut de figure de style pour n’être que caricature fade et peu inspirée. Malgré le talent de Léa Seydoux et une bande originale signée du regretté Christophe, cet aller simple pour "France" ne mérite pas de braver les restrictions sanitaires, le voyage étant bien trop long (2h14) et insignifiant.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur