Festival Que du feu 2024 encart

FOUDRE

Un film de Carmen Jaquier

Le désir interdit

Alors que sa sœur vient de se suicider, à l’été 1900, Elisabeth, 17 ans, devenue nonne, revient au cœur d’une vallée du sud de la Suisse, dans la ferme familiale. Taraudée par les mystère autour de motivations de sa sœur, elle découvre des notes intimes de celle-ci, qui vont l’obliger à se questionner elle-même…

"Foudre" est un film sur l'interdit que constitue le désir féminin, dans une époque où la femme et en l’occurrence la fille (puisque l'héroïne doit reprendre la place de sa sœur décédée) est censée avoir une place bien définie et où la morale et la réputation semblaient les uniques valeurs. Mise au couvent à 12 ans, l'héroïne va tenter, à 17 ans, en explorant les notes de sœur, qui vont résonner avec son propre sens du divin, de comprendre le mystère autour de la mort de celle-ci, s'ouvrant en même temps peu à peu à des sensations jusque-là réprimées. Le contact avec trois jeunes hommes du village sera en cela primordial, d'autant que ceux-ci semblaient avoir fréquenté la défunte, transformant la jeune religieuse au visage virginal (les plans rapprochés lorsqu'elle monte à l'arbre au début...), en une femme « dangereuse » comme sa sœur, car ayant un corps et non juste une utilité en termes de travail.

Si la photographie du film signée Marine Atlan est tout juste magnifique (toute comme la BO aérienne de Nicolas Rabaeus), offrant de très belles teintes dans les moments sombres, transformant la jeune femme en une sorte de silhouette errant dans les montagnes ou entre les croix d'un cimetière se détachant sur un ciel azur, les scènes liées au vertige du désir ne sont pas forcément très inspirées (visions de multiples mains, transparences...). L'actrice principale, Lilith Grasmug ("Oranges sanguines", "Les Passagers de la nuit") parvient à jouer de nuances, malgré un rythme de récit cassé par une incessante voix-off exprimant soit les pensées de la sœur au travers de son journal, soit ses propres prières. Heureusement restent quelques beaux éléments symboliques, comme les étincelles d'un feu qui semblent d'irréductibles traces d'une vie maudite qu'on efface, ou la silhouette de la nonne persistant dans les montagnes, incarnant ce que les hommes ou la morale ne pourront au final éliminer.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

COMMENTAIRES

ODESCENE

vendredi 8 novembre - 9h59

ce film est ds la veine des préoccupations suisses sur la psychiatrie, un vrai dada depuis 2 siècles, voir F. Zorn.
la jf est un cas (!) perdue ds les montagnes où l'on vit en "consanguinité" hélas trop forte d'où ts ces troubles du comportement, au retour de la vie "recluse" mais rassurante, elle avait eu la chance d'y échapper en communauté, le retour en famille ( d'origine) est un désastre car les hommes prédateurs sont là plus la famille, qui la fait bosser très dur : EXPLOITATION à ts les niveaux donc, elle est une victime et les rares et outranciers "émois" érotiques ne risquaient pas de la sortir de ce montagnard piège "sublime". Magnifique pour la photo et si pictural ! mais creux ds sa critique du pieux milieu qui est encore une fois un lourd poncif !!!!
Dommage, mais la cinéaste n'est ni Bergman ni Dreyer, n'a pas cette audace, donc film "planplan" et cruel. De plus, le prêtre est caricatural, ridicule ! Pauvre gamine !!!!!

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