FOR THOSE IN PERIL
La mer dans la peau
Jouant d'effets sonores envahissants et d'une voix-off récurrente qui traduit les sombres pensées du héros, le début du film intrigue par sa construction. Les images en noir et blanc d'une mer démontée, dont les vagues viennent frapper les rochers, se déroulent à l'envers, comme pour mieux incarner le désir du personnage de revenir dans le temps, jusqu'au malheureux événement qui le sépara de son frère.
Pourtant, on l'apprendra plus tard, tous deux se sont promis de ne jamais se quitter. Brodant sur la même thématique que le fabuleux film de Robert Redford, "Des gens comme les autres", "For Those in Peril" parle de la culpabilité du survivant et de la difficulté du deuil d'un proche. D'une facture radicale, ce premier film écossais, entièrement voué à l'expression du vœu récurrent du protagoniste de voir réapparaître ce frère tant admiré, aborde avec force tourments les rivages de la folie. Son héros cherche un moyen de contact avec celui dont le corps persiste à rester invisible.
Pour tenter de transmettre la confusion dépressive de celui-ci, Paul Wright joue la carte de l'essai formel, forcément déroutant. Il choisit une forme de montage erratique, alternant films vidéos – retrouvés ou évoquant des souvenirs lointains – et images de fiction réalistes voire poétiques sur la fin (des visions de démons et de contes marins). Traduisant le chaos mental du personnage, il abuse des contre-jours et nous plonge progressivement dans un cauchemar éveillé où confectionner un radeau avec des bidons ou s'ouvrir des branchies apparaissent comme des possibilités presque raisonnables. Malheureusement, on s'épuise un peu à suivre les relations conflictuelles du jeune homme avec sa mère terrassée, un entourage marin superstitieux et des ados revanchards.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur