Festival Que du feu 2024 encart

FOLLOW_DEAD

Un film de John McPhail

Epic Fail

Adam est un jeune homme qui bataille à concilier sa vie professionnelle sur les réseaux sociaux et son couple. Un beau jour, alors qu’il est en panne d’inspiration, il est confronté à un de ses « followers » nommé Dear David qui semble avoir une dent contre lui. Mais alors que des phénomènes étranges commencent à se manifester dans son appartement, Adam en vient à se demander si l’internaute turbulent ne serait pas un fantôme…

Vous vous souvenez, au début des années 2000, quand le genre de l'épouvante made in US a commencé à piller l’héritage nippon ? Parfois avec de bonnes surprises (avec le diptyque "The Ring" (surtout le second volet, remake par le même cinéaste Hideo Nakata) mais aussi des déconvenues. Et vous vous souvenez, avec l’arrivée d’internet, que certaines productions se sont amusées à nous faire croire que les spectres passaient par le wifi ? On pense évidemment à "Kairo" de l’immense Kiyoshi Kurosawa et moins à son remake "Pulse" sorti en 2006 par Jim Sonzero qui plongeait son film dans une laideur esthétique et des effets de styles gratuits.

Malheureusement pour nous le film dont on traite aujourd’hui, de son petit nom "Follow_dead", marche plus dans les traces du second. Il arrive même à faire pire, alors que presque 20 ans séparent les deux œuvres. Et on sent l'enfumage arriver dès la séquence d’ouverture, avec ce Cher David dans son sous-sol en train de dessiner sur Paint. Esthétique au rabais, mise en scène impersonnelle et déjà un jump scare mal (di)géré : l'intro donne le ton. Hélas pour nous, autres pauvres spectateurs pris en otage, le reste ne fera qu’empirer, avec les incrustations de notifications de téléphone, les messages qui s’affichent à l’écran et même les icônes violets de followers qui remplissent littéralement l’écran.

Alors entre le côté anti-cynégétique du procédé et l’impression constante d’être dans une pub pour Free, le film montre de cette manière son vrai visage : il n’est pas un film, c’est une campagne marketing. En effet, le film étant « tiré de faits relatés sur Twitter » (déjà on part mal) et il s'évertue à retranscrire le thread horreur (journal intime en ligne relatant une série d’expériences paranormales ou effrayantes) du vrai Adam Ellis, qui aurait vécu cette expérience démoniaque pixelisée. Et le personnage travaille pour BuzzFeed, société qui relate les événements choquants d’internet et autres memes. On aurait alors pu croire à une critique de ce système et des conséquences psychologiques sur ceux qui travaillent d’arrache-pieds pour ces nouveaux magazines de paparazzis 2.0, mais hormis le personnage du directeur égocentrique et hors sol campé par le génial Justin Long, le film n’en fera jamais un sujet. Pire, on sent presque une volonté de relancer le site en question avec l’arrivée de cette « adaptation » d’un de leurs articles de l’époque. Le clou dans le cercueil intervient quand on distingue le nom de la compagnie à la production.

Donc en plus d’avoir une histoire inconsistante, des personnages outils et des effets spéciaux dignes de la chaîne FX, on se sent malgré nous pris au piège d’une démarche on ne peut plus douteuse. L’idée d’ambition artistique et thématique semble avoir fui la salle de réunion après que, on le suppose, le stagiaire ait convaincu tout le monde que ce produit serait dans l’air du temps et qu’il rapportera des clics à un site en décrépitude. Le cinéma d’horreur mainstream américain ne va pas bien, recycle des idées et des imageries d’une décennie passée et utilise le médium pour ne pas faire du cinéma. Un point cependant pour la représentation d’un personnage principal homosexuel, chose plus que rare dans le cinéma de genre. Est-ce que le film en fait quelque chose ? Non. Est-ce que cela a un sens avec l’histoire ? Non plus. Est-ce qu’Elon Musk a mis des actions dans ce projet en espérant que les gens retournent sur Twitter (maintenant renommé X) ? Le doute est permis.

Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur

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