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FLY WITH THE CRANE

Un film de Ruijun Li

Chronique de la Chine profonde

Un grand-père continue à braver les interdits en confectionnant et peignant des cercueils qui sont ensuite enterrés en secret. Car du fait de la surpopulation, la Loi chinoise impose désormais la crémation, interdisant la mise en terre. Mais dans les villages, les coutumes se perpétuent et les défunts s'envolent avec les grues blanches, comme sur les motifs du sarcophage...

"Fly with the Crane" semble être une production chinoise à petit budget, qui use à bon escient, mais avec une insistance un peu pesante, de la symbolique de la grue, qui telle l’âme des défunts, s’envole vers d’autres cieux. Cette image répétée à plusieurs reprises, de l’oiseau, entre roseaux et plan d’eau, évoque en même temps, on l’aura vite compris, la mort d’une certaine Chine, ou tout au moins, de certaines de ses traditions ancestrales.

Pourtant le film trouve un certain équilibre dans la description du quotidien doucereux d'une famille chinoise, insistant sur la complicité qui règne entre un grand-père et son petit fils, aussi joueurs l'un que l'autre. Les plaisanteries de l’un trouvent échos dans les fausses indignations de l’autre. Mais la douceur de vivre, malgré la misère, semble persister, grâce à la proximité d'un environnement naturel encore intact, et à l’effet de groupe qui domine encore au village.

Les deux portraits sont réussis. L’un est empli de tendresse pour cet enfant, qui joue avec son animal de compagnie (un canard), et suit les indications de son aïeul quand celui-ci lui demande d'aller discrètement obturer la cheminée du voisin. L'autre est à peine plus amer pour ce vieillard, qui veut finir ses jours sur sa terre. Plutôt contemplatif, le film questionne, avec un minimum d’action, le passage à une ère de modernité. Il joue un peu trop sur une symbolique facile, jusque dans sa scène finale, certes touchante, mais lourde de signification.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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