FIRE OF LOVE
D’incroyables images
Disparus dans une explosion volcanique en 1991, Katia et Maurice Krafft forment un couple de volcanologues à part. Intrépides, résolument fascinés et attirés par la force hors normes de ces éléments naturels que sont les volcans, ceux-ci vont faire progresser la connaissance scientifique, mais ne seront pas toujours écoutés lorsqu’il s’agit de prendre en compte les signes avant-coureurs d’une irruption et donc d’enclencher des alertes…
Découvert au Festival de Sundance 2022, dont il est reparti avec le prix du meilleur montage documentaire, puis Prix du public à Visions du réel 2022, "Fire of Love" est l'occasion d'ouvrir les archives du couple de volcanologues strasbourgeois Katia et Maurice Krafft. Pendant plus de vingt ans ceux-ci ont parcouru le globe, suivant les volcans en éruption ou sur le point de l'être, ramenant des images incroyables (coulées de laves, progression sous-marine, balade sur un lac acide, explosions…) et faisant office de casse-cous de la profession, alors que la tectonique des plaques venait à peine d'être adoubée par la communauté scientifique (à la fin des années 60), et que les autorités sous estimaient le danger, rechignant à déclencher des plans d’évacuations.
Intelligemment, le documentaire s'ouvre justement, après une scène d'embourbement d'un 4x4 dans la neige, sur quelques unes des dernières images du couple, filmant à plusieurs kilomètres, depuis la plaine, le volcan japonais du Mont Unzen, dont la nuée ardente les engloutira à la fin du film (le 3 juin 1991). La voix-off, parcimonieuse, précise alors que ce sera leur « dernier jour », un petit frisson nous parcourant alors l'échine à cette annonce, permettant aussi de poser définitivement la supériorité de la nature sur l'Homme. Le danger encouru par ces aventuriers n'est alors que mieux ressenti, lorsqu'ils s'approchent d'une coulée de lave, ou lorsque leurs silhouettes se détachent sur fond de magma jaillissant.
Expliquant au passage la différence entre les volcans rouges (les « gentils », à coulées de laves) et les volcans gris (les « méchants », destructeurs car explosifs), Sara Dosa tente d'expliquer leur caractère inséparable, depuis les trois versions alternatives de leur rencontre, jusqu'à leur popularité télévisuelle. Arguant de leur véritable talent de cinéastes, "Fire of Love" mélange ainsi images d'archives, schémas explicatifs, petits passages animés, provoquant la sympathie vis-à-vis de ce couple de passionnés, lui amoureux du Stromboli, elle amoureuse de l'Etna. D’étranges premiers amours que l'on oublie pas. Mettant aussi en avant leur capacité à sensibiliser et à alerter du danger, la dernière partie du film montrera leurs apports dans la prédiction des irruptions, face à des forces de la nature créatrices, mais aussi extrêmement destructrices. Revenant ainsi longuement sur l'explosion du Mont Saint Helens (États Unis, 1980), et les coulées de boues meurtrières en Colombie (1985), c'est autant un message d'humilité face à la nature qu'un message d'espoir en la capacité de l'Homme à éviter les victimes, qui s'affirment.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur