FINDING PHONG
Un percutant autoportrait
Triste à l’idée de rendre sa mère malheureuse, mais heureuse de pouvoir devenir la femme qu’elle souhaite, Phong, enfermée dans son corps de garçon, se confie à sa caméra, et donne à voir sa transition…
En choisissant un montage chronologique pour relater son propre processus de transition, Phong, qui se filme ici, donne non seulement à voir une transformation physique, mais aussi à ressentir son évolution profonde en terme de bien être. Elle fait ainsi de son documentaire un témoignage poignant à la fois essentiel et positif, vestige d'un parcours douloureux et encouragement pour tous ceux qui ressente la nécessité de changer de sexe et de devenir extérieurement, aux yeux des autres tout comme aux leurs, l'être qu'ils sont déjà à l'intérieur.
Commençant donc avec de nombreuses scènes larmoyantes, la jeune trans expliquant sa peur de décevoir sa famille tout autant que sa résolution à aller vers une opération pour devenir "une vraie femme", le film donne donc à voir un épanouissement progressif autant qu'une transformation physique. De l'étranger souffrant face à la vue d'un feu d'artifice (une très belle scène en voix-off), observant comme en cachette les comportements de ses parents, on passe à une femme qui assume sa différence, et dont aucune des évolutions du corps ne nous est cachée.
Bien sûr, les mots sont durs et suintent de manière récurrente la culpabilité : il s'agit de "désobéir", de "détruire ce corps que maman m'a donné", mais les proches eux aussi expriment leurs doutes ou leurs regrets, tel ce frère qui ne se trouve "pas assez tolérant". Quant aux images d'opérations, tant craintes au début lorsqu'elle les regarde furtivement sur un ordinateur, elles deviennent nécessaires et pédagogiques lorsque le médecin prend le temps d'expliquer. Mêlées a un progressif sentiment d'apaisement, à une jolie découverte de la sexualité (certainement la scène de confession la plus touchante), elles achèvent de faire de "Finding Phong" un témoignage essentiel qui surprend positivement autant par le personnage que par les réactions de l'entourage.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur