Festival Que du feu 2024 encart

LE FIL

Un film de Mehdi Ben Attia

Quand les bonnes intentions tournent au ridicule

Un fils de bonne famille tunisienne, architecte, revient à la maison, quelques mois après le décès de son père. Sa mère a engagé un ténébreux jeune homme de vingt cinq ans, fraîchement arrivé de France, pour l’aider dans divers tâches. C’est donc le moment de lui révéler certaines choses importantes, comme le fait qu’il a décidé d’avoir un enfant avec sa collègue de travail, lesbienne…

Bien sûr; à la vision du "Fil", le spectateur doit reconnaître que le sujet est délicat (l'homosexualité en Tunisie). Il est même forcé de constater qu'au travers des scènes, même les plus ridicules, une certaine sincérité, voire une nécessité, semble pointer son nez. Car le fait de raconter cette histoire d'homoparentalité contrainte par les conventions, de culpabilité vis à vis de parents qu'on a toujours voulu satisfaire, doit certainement être quelque chose de fondamentalement important pour son auteur. Autant que les moments de joie qui se font jour progressivement, remplaçant malaise et problèmes psychologiques par un bonheur assumé.

Malheureusement les dialogues navrants, les situations improbables, tout comme une direction d'acteurs affligeante, sans parler de choix de montage aberrants, finiront par avoir raison des meilleurs intentions. Le pompon revient à une scène d'intimité entre les deux garçons, l'un caressant délicatement le dos de l'autre, scène entrecoupée de dessins limite porno crayonnés par son amant, et exprimant avec force lourdeur leur union, tant souhaitée dans le texte récité en voix-off. Et on ne vous parlera pas de l'escapade amoureuse sur fond de chanson italienne, parenthèse surréaliste dans un film qui recèle pourtant une scène magnifique, dans laquelle le personnage central décrit ses tocs passés liés à un mystérieux fil. Vous l'aurez compris, malgré tout, tout cela n'est pas des plus léger.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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