LES FIGURES DE L'OMBRE
Un feel-good movie progressiste
En 1962, trois femmes de couleur ont intégré l’équipe de calcul de la Nasa, espérant chacune faire leur chemin…
"Les figures de l'ombre", avant d'être un manifeste contre la ségrégation est avant tout une véritable comédie, au réjouissant cynisme, portée par trois actrices formidables. Avec trois caractères bien trempés, ce groupe de femmes qui ne s'en laissent compter ni par leurs boss ni par les hommes qu'elles fréquentent, représente au travers d'un scénario aussi malin que calibré, trois espoirs d'ascension sociale.
Méconnues, ces figures féminines à la tête bien remplies se retrouvent cantonnées dans différentes tâches alors que la Nasa se voit distancée par l'URSS dans la course à l'espace. L'une intègre l'équipe du plus haut boss, comme vérificatrice des données, l'autre celle du savant qui dirige la conception de la capsule, quand la troisième dirige tant bien que mal l'équipe de calculatrices humaines sans en avoir la mission. Et chaque personnage est l'occasion de stigmatiser les préjugés sur les femmes et la condition des gens de couleur.
Avec un humour volontairement provocateur, ce sont l'attitude menaçante des policiers, l'arrogance des chefs, l'impossible promotion, la ségrégation au café comme aux toilettes ou dans les transports, qui sont abordées. Chaque sujet fournit de plus aux actrices matière à un moment de bravoure tel celui de Taraji P. Henson, traduisant la colère sourde qui ne cesse de grandir face à l'absence de droits. Le trio d'actrices fonctionne à merveille, de la douce autorité d'une Octavia Spencer imposante comme jamais, à l'ambition et la fausse assurance de Janelle Monáe, en passant par la douceur lunaire et la timidité apparente de Taraji P. Henson. Ce n'est pas pour rien qu'Octavia Spencer est nommée à l'Oscar du second rôle en ce début 2017.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur