LA FÊTE EST FINIE
Un portrait exalté et exaltant de deux jeunes battantes
Céleste et Sihem font leur entrée dans un centre de désintoxication le même jour. Va alors naître une amitié fusionnelle, une de celle capable de vous pousser à s’en sortir, à être une meilleure personne. Mais aussi une relation qui vous pousse au vice, à céder une nouvelle fois…
Pour son premier passage derrière la caméra, Marie Garel-Weiss, scénariste notamment de "Goal of the Dead – Seconde mi-temps" et "Alone" a décidé de s’éloigner du film de genre. Au contraire, elle a préféré inclure son récit à l’inspiration autobiographique dans un cadre naturaliste et âpre, livrant une ode bouillonnante à l’amitié où la sincérité est le maître mot. Céleste et Sihem se croisent sur le quai d’une gare. Pas un regard. Elles ont la tête baissée, le visage marqué par la vie malgré leur jeunesse. Mais pour elles l’insouciance s’est évaporée depuis déjà bien longtemps. Aujourd’hui, elles espèrent pouvoir sortir de la spirale infernale de la drogue dans laquelle elles ont sombré. Dans ce centre de désintoxication, une relation fusionnelle va naître. Une camaraderie pour obtenir un salut ou une nouvelle dépendance remplaçant simplement la précédente, tout l’enjeu du métrage sera d’avancer sur cette ligne ténue.
Porté par deux comédiennes époustouflantes (la fougue de la révélation Clémence Boisnard se mariant parfaitement à la sobriété de Zita Hanrot - César du meilleur espoir féminin en 2016 pour Fatima), ce drame dresse un magnifique portrait de deux gamines dont les épaules de l’une deviennent les béquilles de l’autre pour espérer une vie meilleure. Jamais misérabiliste, "La fête est finie" est un cri du cœur, une œuvre galvanisante où une pulsion de survie se fait sentir dans chaque recoin de l’image. Loin des clichés et des discours moralisateurs, la néo-cinéaste célèbre les détails du quotidien, les petites victoires d’apparence anodine (savourer un kebab par exemple). Son œuvre compte les quelques défauts inhérents à la première réalisation et à la recherche d’un réalisme social accru, mais ces légères maladresses ne sauraient gâcher cet éloge poignant de la vie.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur