FERMER LES YEUX
Une œuvre exigeante, qui apporte son lot d’émotion
Lors du tournage du son second long métrage de réalisateur de Miguel Garay, intitulé « La Mirada del adios », le célèbre acteur Julio Arenas disparaît. Des années plus tard, à l’automne 2012, Miguel accepte de participer à une émission télé revenant sur cette mystérieuse affaire, et de se replonger dans son passé. Il arrive alors à Madrid pour quelques jours…
Découvert avec "L'Esprit de la ruche" en 1973, le réalisateur espagnol Victor Erice n'aura réalisé que 3 longs métrages, jusqu'à son précédent, le fameux "Le Songe de la lumière", prix du jury et de la critique en 1992. Auteur depuis de segments de projets collectifs ou d'installations, le voici qui a 83 ans, revient sur le devant de la scène via la section Cannes Premières avec un film fleuve, "Fermer les yeux" (presque 3 heures). L'occasion pour le metteur en scène, d'offrir une mise en abyme, en forme d'enquête, autour du thème de la mémoire, enfouie ou disparue pour les personnages, documentée différemment niveau télévisuel (la recherche d'une vérité) et cinématographique (un archivage figé).
Le film, s'il souffre d'une longue introduction (les images du film tourné en 1990, mais se déroulant en 1947), à la fois pesante et d’aspect réellement daté, s'engouffre par la suite dans une enquête où l'intime du réalisateur se conjugue avec la légende de l’acteur. Mais c'est dans sa partie finale, s’éloignant du ton mélancolique de l’ensemble, que le scénario se pare d'une certaine émotion, alors que le réalisateur retourne dans son coin perdu d'Andalousie, au petit port de Calahonda. Dans ce petit cocon isolé du monde, où la vie s'écoule avec une apparente douceur, en bonne compagnie, viendra un dénouement doux-amer, entre omniprésence de ce fantôme qui signa la fin de sa carrière, et rencontres qui redonnent de l’espoir. Au bout des 169 minutes, l’émotion est résolument au rendez-vous.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur