FENCES
De beaux principes
Contrairement aux autres films centrés sur la communauté afro-américaine qui figurent en bonne place dans la course aux Oscars ("Moonlight", "Les figures de l'ombre"), il est assez surprenant de voir "Fences", troisième réalisation de l'acteur Denzel Washington, figurer parmi les nommés pour le meilleur film. En effet, cette adaptation de la pièce d'August Wilson (prix Pulitzer 1987), aux lourdes paraboles sur la manière de gérer sa vie, faisant allusion à maintes reprises aux règles du baseball, est un interminable semi huis-clos de 2h20 (l'essentiel de l'action se passe dans une arrière-cour), dégoulinant de bons sentiments et d'un flot quasi ininterrompu de paroles.
S'il est question de principes et de morale tout au long du récit, c'est autour de l'usure du couple, de l'expression de la liberté de chacun, de la dangereuse influence de l'alcool et du respect envers les siens que tourne l'ensemble d'un texte pas toujours des plus digestes. La mise en place des personnages traîne en longueur et il faut attendre une bonne heure et demi pour que la façade d'homme irréprochable revêtue par le père se craquelle, et que quelques ellipses temporelles apparaissent enfin, nous faisant quitter l'ambiance de plus en plus étouffante de ce triste jardin.
Ce sombre portrait d'un homme pas si net, ayant renoncé à ses rêves, à la fois soucieux de faire certaines choses bien et freinant ceux qui l'entourent dans la réalisation de leurs ambitions, n'offre qu'un moment de répit au spectateur, une fois la réelle tempête déclenchée. Reste que le film offre à Denzel Washington un rôle à sa mesure, aussi trouble que puissant, et à Viola Davis le rôle d'un vie, en femme fidèle, rageuse et fière, qui devrait certainement lui rapporter un Oscars dimanche prochain.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur