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FÉLIX ET MEIRA

Un film de Maxime Giroux

Naissance d’un amour

De nos jours, au Canada, Meira est mariée à Shulem avec qui elle a eu une petite fille. Juif hassidique, Shulem tente de faire rentrer dans le rang sa femme qui semble de plus en plus vouloir s’en écarter. Cela ne va pas s’arranger quand elle va faire la connaissance d’un autre homme…

Les femmes peuvent s’ennuyer dans leur ménage à cause de différentes raisons : la perte d’amour, les attendus liés à la classe sociale ou à la religion aussi, comme c’est le cas ici quand une jeune mère voit ses libertés réduites parce qu’elles ne répondent pas aux codes que le Judaïsme hassidique prêche. La première réplique de Meira est « Je déteste cette lumière », quand les lampes s’éteignent automatiquement le jour du shabbat. Alors Meira écoute des disques interdits en cachette puis quand son stratagème est découvert, elle se met à fréquenter un homme qu’elle ne devrait pas…

Le film de Maxime Giroux s’immisce dans la vie de deux êtres quelque part en marge et incompris. Elle, est ailleurs loin des considérations de son époux. Femme au foyer au sein d’une communauté patriarcale, elle passe ses journées à garder leur premier enfant, premier d’une longue série d’une bonne dizaine à venir, selon leurs traditions. L’ennui et l’inconfort la gagnent. Lui, découvre que son père est sur le point de mourir, un père qu’il n’avait pas vu depuis une décennie et qui ne le reconnaît pas. Célibataire, la trentaine, il jouit de la vie au jour le jour. Un matin, dans un café, ils se rencontrent. Le destin les amènera à se croiser une deuxième puis une troisième fois… Normalement, ils n’étaient pas censés se parler. Normalement, elle n’était pas censée le regarder droit dans les yeux. Elle brisera un à un les interdits.

Maxime Giroux prend le temps d’installer l’intimité entre ces deux protagonistes. Ainsi "Félix et Meira" ne choisit pas de raconter la vie d’un nouveau couple, ses affres, ses bonheurs…, mais la manière dont il se construit pas à pas, petit à petit, dans le respect et la découverte de l’autre. Il entreprend aussi d’analyser comment le mari délaissé envisage la situation. Loin de n’être qu’un personnage secondaire sans vie, Shulem subit, encaisse, pour finalement essayer de comprendre sa femme, et tenter de s’ouvrir à son être, notamment dans la très belle scène où il tombe à terre, comme elle savait si bien le faire.

"Félix et Meira" n’est pas un film facile. S’il rappelle des films de James Gray, il est loin de les égaler. Avare en dialogues, âpre et sec côté sentiments, la mise en scène est à l’image de l’hiver pendant lequel se déroule cette histoire, rude. À mille lieues des rom-coms hollywoodiennes, Maxime Giroux nous dit néanmoins qu’il y a d’autres façons d’engager une relation amoureuse. Elle n’est certes pas simple, mais elle est réaliste.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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