FAVELAS
Vision chimérique d’une réalité jamais véritablement traitée
Si le nom de Stephen Daldry reste inconnu de très nombreuses personnes, beaucoup sont ceux à avoir les images en tête de ce gamin qui préférait le tutu aux gants de boxe dans « Billy Elliot », sans savoir qu’on les doit à ce réalisateur. Depuis, le metteur en scène (après la parenthèse « The hours ») est tombé dans un sentimentalisme accru qui lui a valu de nombreuses railleries, en particulier avec le mielleux « Extrêmement fort et incroyablement près ». Aujourd’hui, il revient bien loin de là où on l’avait connu, à savoir au cœur des bidonvilles. Au milieu des détritus d’une décharge géante à ciel ouvert, une bande de gamins va découvrir un portefeuille rempli de billets, début d’un terrible engrenage qui les verra se faire poursuivre par la mafia et des policiers corrompus.
Cependant, la course poursuite va vite sombrer dans une naïveté dérangeante, la terrible réalité des favelas étant édulcorée à coups de filtres visuels et d’invraisemblances scénaristiques. Alors que le film lorgnait du côté de « La cité de Dieu » ou de « Slumdog Millionaire », on se retrouve face à un conte plus infantilisant qu’enfantin. Mise en scène énergique et caméra tremblotante étaient les meilleurs artifices pour accompagner ce thriller haletant, mais il manque un point de vue au métrage, l’objectif restant à hauteur d’enfant aussi bien au niveau visuel que moral. Toutes les problématiques liées au paupérisme et à la misère sociale sont ainsi éludées au profit de scènes d’action titubantes.
Pourtant, « Favelas » démarrait sur les chapeaux de roue avec cette chasse à l’homme qui voyait la proie se faire arrêter par les policiers sur les toits de Rio. Mais la suite sera bien moins jouissive, les clichés s’accumulant jusqu’à agacer le spectateur, et les péripéties rocambolesques de cette bande de gamins devenant terriblement fades. Si Stephen Daldry parvient à maintenir un suspense durant tout le film, notamment par plusieurs courses-poursuites rudement menées, la plongée au cœur d’un Rio frénétique est loin d’être enivrante. Sombrant dans la caricature, le film file vers la série B, laissant des seconds rôles complètement oubliés sur le bord de la route. Et sans la fougue des trois bambins, le résultat aurait été bien pire. Sauvé par le clap…
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur