FACE À LA MER
L’avenir dans une ville fantôme ?
Jana vient rendre visite à ses parents à Beyrouth. Alors que son frère est parti travailler à Dubaï depuis deux ans, elle, a décidé d’abandonner ses études à Paris. Alors que ses relations avec ses parents se tendent, elle revoit Adam…
"Face à la mer" fait le portrait d’une jeune étudiante désabusée, écartelée entre la fuite que ses parents avaient trouvé pour elle (des études à Paris) et l’amour d’un pays, d’une ville (Beyrouth) qu’elle ne reconnaît plus. Le film beigne dans une atmosphère de fin du monde, calme étrange avant l’ultime tempête annoncée (un tsunami dont la radio du taxi qui l’emmène de l’aéroport à chez ses parents se fait déjà écho dès le début du film), qui pourrait en finir avec cette ville fantôme, où lla jeunesse semble errer, perdue, après la guerre et de multiples crises économiques. Rentrant étrangement en résonance avec l’actualité au moment de sa présentation à Cannes en 2021 dans la section Quinzaine des réalisateurs, le tsunami étant devenu dans la réalité l’explosion dramatique sur le port (août 2020), le film (tourné en janvier 2020) dégage une émotion sourde, telle une nostalgie désespérée.
Tachant de montrer les élans de vies qui subsistent malgré tout, avec la volonté de s’échapper d’un réel pesant et gris (la photographie hivernale est d’ailleurs fort à propos), presque comme si de rien était, Ely Dagher nous plonge au cœur d’un mariage puis de soirées en boîte, alternant ces scènes de bruit qui cachent la tristesse avec des scènes plus contemplatives. Il multiple notamment les vues sur la mer, enserrées entre deux immeubles, anciens ou plus modernes mais désertés, et laissant entrevoir régulièrement un navire au loin, tel un espoir d’une échappée ou d’une vie future devenue presque impossible à imaginer. Quelques scènes plus allégoriques font aussi leur apparition (des gens nageant dans une mer devenue laiteuse… et regardant tous dans la même direction) et achèvent de faire de ce long métrage un témoignage contemporain autour d’une jeunesse potentiellement condamnée à partir, autant qu’un film fait de sensations.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE
Bande-Annonce FACE À LA MER from jour2fete on Vimeo.