EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE
Un crédible multiverse avec un minimum de moyens, pour une comédie d’action déjà culte
Evelyn Wang s’occupe de tout, des clients de la laverie, de la comptabilité, de son mari… Désabusée, elle ne trouve pas le temps pour parler, ni à son mari pour lequel elle n’a plus d’admiration, ni à sa fille en couple avec une femme mais qui n’ose pas l’affirmer. Mais alors qu’elle tourne le dos aux écrans de sécurité, son mari, descendu à la laverie située sous leur appartement, se met soudain à se déplacer de manière étrange, en faisant des acrobaties. En arrivant aux impôts avec elle, il va soudain changer totalement d’attitude l’entraînant soudain dans un univers parallèle…
Il faut avoir le cœur bien accroché pour suivre les péripéties de Michelle Yeoh dans ce nouveau film sur les multiverses, fantasque et bien plus inventif, convaincant et jouissif que le dernier "Doctor Strange" qui affichait pourtant lui la couleur dès son titre. Il suffit à Daniel Scheinert et Daniel Kwan (découverts avec "Swiss Army Man") de quelques plans pour évoquer la fin de la romance entre Evelyn et son mari, l’heureux passé ayant été remplacé par la suractivité autour de la laverie tenue, à l’étage d’en dessous, par le couple. Elle, s’occupe d’un peu tout, de la compta comme des clients, avec comme perspective qui ne remonte pas vraiment le moral, un redressement fiscal et un divorce. C’est d’ailleurs lors du rendez vous aux impôts que tout va déraper, Evelyn s’apercevant alors que la version de son mari qu’elle a en face d’elle n’est pas habituelle, un autre lui cherchant à la contacter et à faire d’elle une possible sauteuse entre les différents univers (4655 au total) qui composent le multiverse et qui risquent d’être détruits par une version d’une personne qu’elle connaît malheureusement aussi très bien, dans sa version « terrienne ».
Difficile de ne pas dévoiler plus de l’intrigue, mais comme l’élément de surprise et la torsion de l’usage de certains objets font le sel de ce film d’action survitaminé, on tâchera d’en révéler ici le moins possible, afin de laisser le plaisir intact. Partant du principe qu’une seule version d’Evelyn peut venir à bout du danger, mais laissant le spectateur dans le doute concernant le fait qu’il s’agit de celle du film ou d’une autre, mais aussi que ses pouvoirs existent déjà ou doivent être appris ou intégrés, le scénario se donne de multiples latitudes pour étonner et jouer avec les fausses pistes. Le spectateur va ainsi apprendre en même temps que le personnage, la manière de passer d’un univers à l’autre, tout comme l’usage des arts martiaux avec tout un tas d’ustensiles plus étonnants les uns que les autres. Et comme dans ce domaine les auteurs ont poussé le bouchon aussi loin que possible, il ne semble pas y avoir de limite à ce qu’on peut utiliser dans le film pour du verse-jumping, pour vaincre son adversaire ou pour se reconnecter avec ses pouvoirs.
Michelle Yeoh est ici en très grande forme. Mais c’est surtout Jamie Lee Curtis en inspectrice des impôts se muant en une version Terminator, qui lui vole la vedette, revenant à plusieurs reprises au fil du complexe récit. Le film est d'ailleurs aussi un vrai plaisir de cinéphile, détournant aussi bien "2001 l’odyssée de l’espace" qu’un certain film de Pixar qu’on ne nommera pas, quand il ne fait pas allusion indirectement à "Star Wars". Quant à la représentation des différents univers, elle fait preuve d’une inventivité sans limite, en passant par le dessin animé jusqu’à une scène au bord d’un canyon qui en laissera plus d’un pantois, provoquant le rire incontrôlé des autres. Divisé en trois parties, « Tout », « Partout » et « Tout à la fois », de durées inégales, le long métrage est l’un des films de science fiction aux moyens raisonnables qui surpasse la plupart des grosses machines Marvel, Disney ou DC, offrant du plaisir jusqu’a l’inimaginable. Alors courrez voir cela sur grand écran, vous ne serez pas déçus !
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur