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EUREKA

Un film de Lisandro Alonso

Au pays de l’ennui, le message politique trouve moins d’écho

Une jeune shérif, Alaina, essaye tant bien que mal d’exercer son métier au sein d’une communauté amérindienne en proie à la précarité…

Eureka (2023) film movie

À l’image de ses films, Lisandro Alonso semble apprécier les silences, lui qui était resté muet depuis presque 10 ans et "Jauja", déjà sélectionné au Festival de Cannes. Cette année, le réalisateur argentin est venu présenter une œuvre extrêmement difficile à évoquer si on veut permettre aux spectateurs de pleinement découvrir l’expérience proposée. Ce que l’on peut toutefois dire, c’est que le film s’ouvre sur un pastiche de western, moyennement amusant, avec notamment Viggo Mortensen et Chiara Mastroianni. L’intérêt ne se situe pas dans les gags, mais dans un détail à ne pas négliger : l’absence totale d’amérindiens. Car c’est bien cela le sujet de son métrage, le sort des populations autochtones. Et pour l’évoquer, le cinéaste va inviter l’onirisme et la rêverie pour nous balader entre les époques et les territoires.

Malheureusement, l’exercice de style s’avère bien trop aride et austère pour permettre l’immersion et l’abandon au voyage. L’arc narratif central, situé à notre époque, tourne en rond et souffre d’une fadeur consternante. En se focalisant sur le quotidien d’une policière dans la Réserve de Pine Ridge, le metteur en scène cherche à témoigner de la précarité dans laquelle ces personnes doivent vivre, sombrant pour certains dans l’alcoolisme, la drogue ou la dépression. Le constat est peu glorieux, et il demeure essentiel de le rappeler. Néanmoins, ces velléités louables ne sauraient effacer un geste cinématographique laborieux et maladroit. Il est facile d’essayer d’imiter le style d’Apichatpong Weerasethakul, mais il est beaucoup plus complexe de réussir à obtenir l’émotion qui se dégage de ses longs plans contemplatifs. À ce petit jeu, Lisandro Alonso échoue complètement, livrant une œuvre au style ampoulé et aux idées presque problématiques, en comparant des situations diverses dans un même acte réducteur. Pas Eureka du tout !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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