L'ÉTÉ DES POISSONS VOLANTS
Sensoriel et évocateur
La beauté des premières images est à couper le souffle. S'ouvrant sur un magnifique étang enrobé d'une épaisse brume rendant presque l'ensemble du décor mystique, la superbe photographie d'Inti Briones rend parfaitement grâce aux sublimes paysages chiliens.
Une famille de riches bourgeois vient, le temps d'un été, profiter de cet environnement des plus dépaysant. Francisco, le père de famille, est le genre de type qui se croit tout permis parce qu'il en a les moyens. Obsédé par l'invasion des carpes qui a lieu dans son étang, il n'hésite pas à faire utiliser de la dynamite par son personnel pour se débarrasser de ce qu'il considère être de la vermine. De l'autre côté, les autochtones, tout comme le personnel de Francisco, qui sont des indiens Mapuches, ne voient pas cette invasion ni ces pratiques d'un œil bienveillant. Manena, la fille un peu de rebelle de Francisco s'en rend compte tandis qu'elle se rapproche des Mapuches, alors que le reste de la famille reste dans une consternante insouciance épicurienne.
La réalisatrice dresse un embarrassant constat du mépris et de la violence qui s'immiscent en toile de fond des rapports entre riches et pauvres, citadins colonisateurs et autochtone Mapuches. Tout est suggéré, jamais frontal. Un domestique se blesse en manipulant de la dynamite et quelques éclats de rires ponctuent la scène. Le conflit est présent en sous-texte d'une intrigue se concentrant sur les rapports père-fille plutôt que sur les rapports propriétaire-autochtone. C'est ce qui est quelque peu regrettable avec "L’Été des poissons volants". Tandis que Marcela Said fait brillamment monter l'impression qu'un drame imminent va montrer le bout de son nez, le récit reste finalement au point mort jusqu'à la fin, se contentant seulement d'une série de scénettes rendant compte, certes avec brio, de la situation des Mapuches au Chili.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur