ÉTÉ 93
Une douleur sous silence
Ce n'est en réalité pas sous les silences, mais sous les cris et les rires des enfants que se noie la douleur de la petite Frida. Frimousse aux aguets, bouclettes aux vents, elle cherche une raison à sa présence dans cette grande maison perdue à l'orée de la forêt. Elle joue et met les autres à l'épreuve de ses désirs souvent satisfaits. Elle expérimente ce pouvoir nouveau qui semble sans limite, personne ne semblant vouloir hausser le ton avec elle, quelle que soit la bêtise faite. Et les visites régulières de ses grands parents lui font se questionner par moments sur des choses pratiques, comme le devenir de l'appartement où elle vivait avant, à Barcelone.
Cette description minutieuse d'une gamine en deuil, souvent filmée à hauteur d'enfants, dans un tourbillon quotidien qui laisse peu de place au chagrin, aura valu à Carla Simon Pipó l'équivalent de la Caméra d'or (le Prix du meilleur premier film) au Festival de Berlin 2017. Une récompense méritée pour une orfèvre du non dit, scrutant les visages, les petites provocations et les grosses déceptions. Un don qui fait de "Été 93" une œuvre sensible d'où l'émotion affleure dans une douceur et une luminosité toutes estivales.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur