L'EPINE DANS LE COEUR
Original comme Gondry !
Michel Gondry n’est plus vraiment à présenter. Mondialement reconnu pour sa griffe dans la publicité (Air France, Levis,…) et dans les clips (Daftpunk, Björk, WhiteStrip,…), le réalisateur nous offre depuis quelques années des films tout aussi originaux et marqués par cette empreinte si particulière. Mais son dernier film ne porte aucune marque ou star internationale. La star de ce documentaire, c’est Suzette, sa tante, ex- institutrice de notre France profonde.
Certes Michel Gondry s’est déjà essayé au documentaire en 2006 avec « Block Party », portant sur le concert organisé par Dave Chappelle à Brooklyn, mais rien de surprenant de par son expérience de clippeur ! Mais quand la nouvelle tombe, quelques mois avant le festival de Cannes en 2009, les fans du réalisateur ne peuvent qu’être surpris, intrigués, impatients ! Et bien de la patience il en aura fallu ! Car ce documentaire se veut proche du public, proche des spectateurs, et c’est le moins que l’on puisse dire: une seule bobine pour toute la France, et chaque jour une nouvelle ville ! Autant s’y intéresser, car la communication sur la projection reste minimale.
Cet essai confirme que Michel Gondry peut toucher à n’importe quoi, et qu'il en fera toujours un film original. Sous de faux airs de « Etre et Avoir », le film dépeint avec sincérité la vie de Suzette, cette institutrice avant-gardiste, qui évolue, au fil de sa carrière et de l’histoire, d’école en école dans cet envoutant massif des Cévennes. Cette femme sensible et attendrissante revient avec nostalgie dans ces lieux chargés de souvenirs, où anecdotes se mélangent avec retrouvailles. Cette mélancolie couplée au mystère des lieux en font un récit captivant…
Mais ce documentaire ne s’arrête pas à Suzette. Celui que nous pouvons maintenant appeler en toute simplicité Michel nous invite autour d’un verre de bon gros rouge qui tâche, à découvrir avec lui les membres de sa famille, et ses racines. On découvre ainsi l’histoire d’une famille touchante, avec ses secrets et ses rapports complexes. Jean-Yves devient alors le personnage secondaire du récit, et nous confie en toute convivialité, avec ses mots et au travers de ses films de familles en super8, les éléments marquants de sa vie, comme la mort de son père, ses dépressions, et ses relations difficiles avec ses parents.
Gondry capte ces instants de vie sans jamais tomber dans le pathos, et cela, grâce à la simplicité des images, des musiques, mais surtout grâce à cette poésie propre au réalisateur. Car Gondry reste Gondry ! Ainsi, le train miniature qui fut autre-temps un refuge pour Jean-Louis sert de repère temporel et géographique au récit. La nostalgie de Suzette s’anime devant la caméra par la distribution de costumes transparents à de jeunes élèves sous ses yeux. Mais l’instant clé du film réside dans la résurrection, le temps d’une soirée, du cinéma de campagne que tante Suzette aimait tant, maintenant devenu le terrain de jeu favoris de son neveu.
Un film simple, touchant, et poétique…
Quentin LambEnvoyer un message au rédacteur