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ENRAGÉ

Un film de Derrick Borte

Death klaxon

Enragé film image

Le début du long-métrage nous présente le conducteur campé par Russell Crowe, avant qu'il ne commette son premier crime : en une seule scène nous savons ce dont il est capable de faire. Puis commence le générique de début, composé de multiples images d'incivilités, faisant apparaître la société actuelle comme gangrenée par la violence et le manque de civisme. Le long-métrage de Derrick Borte va alors prendre comme point de départ un acte même d'incivilité (des coups de klaxon d'impatience et d'énervement) et ses conséquences.

"Enragé" est un quasi huis clos, l'action se déroulant en grande partie sur la route à l'intérieur de la voiture de Rachel, simple break familial ayant des kilomètres au compteur, tout le contraire du véhicule de son poursuivant : un pick-up massif flambant neuf. Ici rien ne peut protéger les personnages, aucun lieu habituel de notre mode de vie ne devient un endroit sécurisant (le café, sa propre maison, la maison de ses proches ou sa voiture). Ainsi, la voiture, censée représenter un habitacle sécurisant, ne devient ici qu'un vulgaire tas de ferraille qui sera détruit, déformé voire écrasé ou un véritable engin de mort.

Enragé, le personnage campé par Russell Crowe l'est. Physiquement imposant et terrifiant (comme son pick-up), il est un véritable concentré de tension et de violence qui n'attendent qu'un déséquilibre afin d'exploser. Russell Crowe magnétise l'écran à chacune de ses apparitions, et si son jeu flirte parfois avec l'excès, le scénario le permet. Caren Pistorius quant à elle, est totalement convaincante dans le personnage de Rachel, une mère de famille qu'une simple incivilité va plonger dans un cauchemar de 24 heures et qui devra laisser éclater son côté sombre si elle souhaite se débarrasser de ce psychopathe. Les deux personnages principaux partent ainsi d'une situation quasiment similaire, l'un comme l'autre ayant perdu leur emploi et étant divorcés ou en passe de l'être. Mais ces deux personnages demeurent sur un équilibre précaire dont un simple acte peut les amener à devenir « enragé ».

Le scénario, même s'il cède quelques fois à la facilité et reste en terre connue, sait ne pas s'encombrer de dialogues superflus ou de scènes alourdissant inutilement le récit. La mise en scène parvient à créer de purs moments de tension avant de laisser exploser la violence en ne la laissant jamais hors champ, à l’exception de la séquence d'ouverture. "Enragé" est donc une série B efficace qui ne relâche jamais la pression durant 90 minutes une fois le piège en place, portée par un Russell Crowe imposant et une Caren Pistorius crédible. Quand vous reprendrez le volant après la séance, réfléchissez avant de klaxonner...

Kevin GueydanEnvoyer un message au rédacteur

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