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LES ENFANTS DU PAYS

Un film de Pierre Javaux

Flopée de bonnes intentions

En Mai 1940, un vieillard persiste à vivre dans un village déserté des Ardennes, en compagnie de ses deux petits enfants. Un beau matin, une patrouille de tirailleurs sénégalais se retrouve coincée dans le village, attendant des ordres de route...

Bien sûr « Les enfants du pays » regorge de bonnes intentions, épinglant au passage la politique colonialiste à la française, l'absurdité des ordres en temps de guerre et les préjugés raciaux du milieu du siècle dernier. Malheureusement, ce film campagnard dans l'âme, en déborde littéralement, sans pour autant émouvoir un seul instant. La faute à une surcharge en scènes d'affrontement ou d'opposition des personnages sans réelle tension, et à un trop plein de faciles bons sentiments dans les rapprochements qui s'opèrent, par le biais des enfants, bien entendu porteurs de sagesse et de vérité… On a déjà entendu ce discours mille fois. Et l'aspect documenté du film, posant notamment les bases d'un langage propre aux soldats qui ne parlaient pas le français, ne l'éloigne pas assez des lieux communs sur la guerre et le racisme.

Aux côtés de Michel Serrault, qui ne sort décidément plus de son personnage de vieux râleur bourré de préjugé, mais ayant un cœur (voir « Une hirondelle a fait le printemps », entre autres), le jeune garçon s'en tire plutôt bien, alors que la jeune fille n'arrive pas à faire croire à la sincérité de son personnage. Et le fait qu'elle ne descende même pas de la charrette sur laquelle elle est montée, lors d'une des scènes clés du film, achève de rendre son personnage faux, aux yeux du spectateur. Pour ce sujet plutôt prometteur, on aurait aimé plus de spontanéité ou de poésie, comme ce peut être le cas lors de la seule belle scène du film, où l'un des tirailleurs fait croire au gamin qu'il est un sorcier, en faisant voler une bicyclette. Dommage.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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