L'ENFANT
La palme du désespoir. « le plus beau bébé de l'année » déçoit
Sonia vient tout juste d’accoucher, et elle retrouve son ami, Bruno. Ils avaient déjà du mal à joindre les deux bouts à deux, les voici maintenant trois. Bruno va alors multiplier les vols et les combines pour nourrir sa « famille »…
Après "Rosetta" et "Le Fils", les frères Dardenne sont de retour à Cannes avec "L'Enfant". Un nouveau film social qui leur vaudra la consécration, avec une seconde Palme d'Or à la clé. Pourtant, "L'Enfant" peine à convaincre. Les Dardenne ne font ici pas réellement preuve d'originalité, reprenant un thème qui leur est cher : la misère humaine et sociale, pour nous livrer un film classique et parfois ennuyeux. La mise en scène est parfois plus proche du documentaire que de la fiction, et la touche « Belge » est on ne peut plus reconnaissable. On ne peut alors s'empêcher de se croire dans un épisode du lui aussi très belge « Strip Tease ».
Sorte de Rosetta au masculin, Jérémie Renier offre une interprétation de qualité, mais peu transcendante. On l'imagine difficilement dans la peau de ce personnage qui cherche à inspirer la sympathie, mais dont on ne retiendra finalement que le côté obscur. Un film de bonne facture donc, réalisé impeccablement, bien interprété, avec un scénario juste, bien que d'une gravité extrême, mais un tout qui a bien du mal à émouvoir tant il est conventionnel et tant ces deux frères semblent s'être fait une spécialité de la tristesse ou de la détresse des autres.
Au final, ce n'est peut être pas tant ce film que l'on critique, car bien qu'ennuyeux, il n'est pas mauvais, mais plutôt le choix de donner une seconde Palme d'Or à ces réalisateurs pour un film qui n'est finalement qu'une pâle suite du troublant Rosetta. Palme d'un consensus par défaut, ou palme de la bonne conscience, là est réellement la question.
Rémy MargageEnvoyer un message au rédacteur