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THE END OF THE LINE

Un film de Rupert Murray

Hommes 1 – Poissons 0

Depuis l’industrialisation de la pêche, les populations de poisson s’amenuisent, des espèces sont aujourd’hui en voie d’extinction et, malgré les efforts de quotas proposés par les gouvernements, l’urgence est toujours aussi grande. En effet, d’ici une trentaine ou une quarantaine d’années, nous aurons épuisé ce que l’océan avait à nous offrir pour nourrir les hommes…

Basé sur le livre de Charles Clover (journaliste anglais) sur les méfaits de la pêche intensive, « The End of the line » dresse un tableau édifiant de l’épuisement du nombre d’espèces de poissons dans nos mers et océans, voire l’extinction de toutes les espèces comestibles d’ici 2048.
Par des exemples très concrets, le réalisateur illustre les raisons qui ont mené à ce désastreux constat, donnant tour à tour la parole à des chercheurs, des politiques, des restaurateurs et des pêcheurs à travers le monde, du détroit de Gibraltar à la baie de Gaspé au Canada, en passant par le marché du poisson à Tokyo et le Sénégal. D’un côté, les pêcheurs et chercheurs constatent la même chose : les poissons sont de plus en plus petits, et leur nombre a radicalement diminué. De l’autre, les politiques subissent les pressions des industriels et placent des quotas au-dessus de la barre du raisonnable fixée par les spécialistes. L’exemple le plus marquant est certainement celui du groupe japonais Mitsubishi, qui achèterait plus de 60% de la production mondiale de thons rouges chaque année, entreposés dans de géants hangars frigorifiés, dans le seul but de les revendre à des sommes astronomiques en cas d’extinction de l’espèce…

Face à la cupidité des uns, l’aveuglement des autres, il semble difficile d’avoir une once d’optimisme sur l’avenir de nos océans et de leurs habitants. Alors bien sûr, le réalisateur laisse entrevoir une lueur d’espoir grâce aux actions de certaines organisations, aux messages utopistes de certains scientifiques qui croient en l’intelligence de l’homme, et surtout aux actions menées auprès du grand public qui pourront faire évoluer les habitudes de consommation vers des produits issus d’une pêche responsable (un consommateur averti n’en vaut il pas deux ?).

Ce qui est certain, c’est que l’on ne peut pas sortir de ce documentaire comme on y est entré. C’est un signal d’alarme fort et perturbant qui est lancé au monde. En espérant que ce ne soit pas seulement une bouteille à la mer.

Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur

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