ENCORE UN BAISER
Sitcom
Dix ans ont passé, Carlo et sa bande d’amis ont maintenant la quarantaine. Pour chacun, les choses ont bien évolué : Carlo, séparé de Giulia et de leur fille, tente de refaire sa vie avec une femme de quinze ans sa cadette ; le couple de Marco et Veronica bat de l’aile face à la difficulté d’avoir un enfant ; Alberto travaille à la chaine dans une grande entreprise ; Adriano sort de prison après avoir écopé d’une peine en Colombie pour cause de trafic de drogue ; Paolo n’assume pas quant à lui de s’être amouraché de Livia, l’ex de Paolo, qui élève seule son fils depuis le départ de son compagnon dix ans plus tôt. Un puzzle fragile qui ne tardera pas à voler en éclat…
Dire que « Encore un baiser » est une déception n’est pas vraiment approprié. « Juste un baiser », dont le film est la suite, a beau avoir connu un énorme succès en Italie au début des années 2000, il n’en est pas moins un film de copains assez classique, qui n’a pas révolutionné le genre. Pourtant, il comportait certaines qualités qui rendaient l’expérience intéressante : d’abord une belle énergie, liée à un rythme soutenu et à une succession de péripéties ; ensuite une galerie de personnages assez hauts en couleurs, voire attachants. Dix ans après, et vue la carrière qu’a connu entre-temps Gabriele Muccino aux Etats-Unis aux côtés de Will Smith (« Sept vies » et « A la recherche du bonheur », c’était lui), on était en droit d’attendre un nouvel opus plus mûr, plus subtil et un chouillat plus original.
Et bien non ! En enchaînant à un rythme frénétique les rebondissements de scénario, qui sont tous plus « bateaux » les uns que les autres, Muccino délivre un condensé parfaitement stéréotypé des problématiques du couple. Force est de constater, d’ailleurs, que la question de l’amitié des protagonistes est complètement éclipsée au profit de leur vie amoureuse qui, forcément, ne se passe bien pour aucun d’entre eux. Tous les malheurs arrivent en même temps, comme dans un feuilleton sentimental. C’est dit : « Encore un baiser » est un (très) long épisode de sitcom à l’eau de rose.
Heureusement, le film est sauvé de justesse par ses personnages, fidèles au poste et incarnés à une exception près par les mêmes acteurs (Giovanna Mezzogiorno est remplacée par la très convaincante Vittoria Puccini). Pas besoin de maquillage pour forcer le poids du temps : ils ont tous dix ans de plus et ré-endossent parfaitement leur rôle d’origine. Stefano Accorsi (Monsieur Laëtitia Casta à la ville), Pierfrancesco Favino (qu’on a vu dans bon nombre de « films de copains » italiens) et Sabrina Impacciatore (qui joue le rôle de l’impétueuse ex d’Adriano) sont toujours aussi charismatiques et convaincants, apportant à ce fragile édifice une force et parfois même un humour salvateurs (mention spéciale à la scène où Favino retrouve sa femme au ranch de son amant, digne des meilleures comédies italiennes). Et il en faut pour tenir pendant 2h20 !
Il y a donc fort à parier qu’« Encore un baiser » ne restera pas dans les annales du cinéma « de copains », ce genre qui a rendu Gabriele Muccino populaire dans son pays. Il y a sans doute un temps pour tout, et celui où le cinéaste savait charmer par ses histoires croisées (« Souviens-toi de moi » est l’une d’entre elles) semble bel et bien révolu.
Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur