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EN TOUTE LIBERTÉ

Un film de Xavier de Lauzanne

Vers une cohabitation retrouvée

Au nord de l’Irak, dans la ville d’Erbil, existe une radio, Radio Al-Salam, vouée aux voix des réfugiés et déplacés, et à faire communiquer des communautés d’origine (kurdes, arabes…) et de religions différentes (musulmans, chrétiens, yézidis)…

En toute liberté film documentaire documentary movie

"En toute liberté" est le second volet d’une trilogie de Xavier de Lauzanne, après "9 Jours à Raqqa", qui suivait une femme politique dans une ville encore dangereuse. Dédiée à la reconstruction du lien social en Irak et en Syrie, suite à plusieurs guerres, celle-ci aborde cette fois, après une expérience politique, une expérimentation médiatique, alors que la troisième sera orientée sur des aspects culturels et éducatifs. Nous voici donc embarqués pendant une heure trente, auprès de sept journalistes d'origines et religions différentes, tous déplacés en raison des conflits successifs. Interrogeant leurs semblables de la région, sur la reconstruction du lien social, comme de lieux de vie, leur expérience entre forcément en résonance avec ce qu’ils observent.

Leurs propres témoignages, égrenés au fil du film, venant chacun éclairer le même sujet sous un angle différent, bousculent forcément. Tout comme leur optimisme, exprimé notamment dans une jolie conclusion, où le groupe, jusque-là partiel, prend forme. Au fil des reportages, ce sont surtout les images de villes détruites, ruines s'étendant à perte de vue, et le gigantisme des camps de réfugiés, qui marquent. Mais c'est aussi la dignité de personnes qui se battent pour reconstruire, pour accueillir ceux qui sont partis, dans un esprit de voisinage qui semble apaisé. Cet esprit qui semble traverser les habitants comme les protagonistes, visant à faire ici « tout l'opposé de ce qui s'est passé dans le pays », où l'affrontement entre communautés prévalait.

Non dénué d'aspects politiques, certains entretiens mettant le doigt sur ce qui a mené à l'émergence de Daech, comme l'armée américaine prétendue de « libération » mais ressentie comme un « occupant », et responsable du démantèlement des services de sécurités qui a mené à l'apparition de milices et de terroristes. De l'ombre de Daech et la peur qu'elle provoque encore, le film passe peu à peu à des perspectives d'entraide et de renaissance d'un mélange culturel. Et quoi de mieux pour symboliser celle-ci, que de mêler ponctuellement au récit, dans les bouches des personnes croisées ou d'un des animateurs qui joue de la guitare, des chansons traditionnelles, des chansons d'artistes locaux, et une interprétation de "Careless Whisper" de George Michael, ou du hautement signifiant "Stand by Me".

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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