EN ÉQUILIBRE
Deux comédiens en état de grâce défendant un scénario qui l'est moins
Lui, cascadeur équestre, a perdu l'usage de ses jambes, mais résiste aux assurances qui ne veulent que sa signature, et en plus ne désespère pas de remonter un jour à cheval. Lui, c'est donc le battant. Elle, a renoncé à une carrière de pianiste après avoir raté un concours et s'est tournée vers un job alimentaire, qui lui procure peut-être plus de sécurité financière, mais moins de passion. Elle, c'est donc la résignée. Faites-les se rencontrer et le tour est joué. Pas vraiment de surprise donc dans la suite des événements, assez prévisibles.
Le personnage de Florence est calqué sur celui de Romain Duris dans « De battre mon cœur s'est arrêté », en moins sombre : la musique lui permettra de prendre conscience, sinon de sa vocation, au moins de ses rêves perdus. D'un point de vue purement instrumental, on a du mal à croire à cette épiphanie pianistique, Cécile de France jouant (mais doublée) raide comme un piquet, les avant-bras en tension, et n'appuyant même pas sur les touches dans les fameux déplacements de main gauche. On le sait, elle n'était pas pianiste avant le tournage,et toute bonne volonté et travail acharné ne remplacent pas des années de pratique. Tant pis pour la crédibilité du personnage.
Le sujet du film n'est cependant ni le piano ni l'équitation, il s'agit de l'histoire d'une rencontre. On pardonnera donc à Cécile de France de ne pas être une bonne imitatrice de pianiste mais juste une excellente actrice. Albert Dupontel est irréprochable, comme toujours, et de son côté marque un point en exécutant lui-même toutes ses cascades, ce qui renforce la justesse de son personnage, notamment dans son rapport quasi fusionnel à l'animal. Retenons donc cette rencontre entre deux comédiens fabuleux qui portent sur leurs épaules et sauvent, par la même occasion, un scénario un peu convenu.
Rémi GeoffroyEnvoyer un message au rédacteur