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EN BOUCLE

Un film de Junta Yamaguchi

During the crazy two minutes

C’est une journée comme les autres qui commence dans cette petite auberge hôtelière du village de Kibune, niché au cœur des montagnes japonaises dans les environs de Kyoto. Mais ce jour-là, un événement insolite se produit : les mêmes deux minutes se reproduisent à l’infini, contraignant dès lors les employés et les clients de l’auberge à en chercher l’origine et la solution de sortie…

Il faut désormais s’y faire : Junta Yamaguchi est bel et bien LE cinéaste des boucles temporelles. Après que son "Beyond the infinite Two Minutes" ait fait des bigoudis avec nos neurones il y a deux ans de cela lors d’une séance (très) spéciale des Hallucinations Collectives de Lyon, le réalisateur nippon investit enfin la compétition officielle de ce même festival avec "En boucle", dont le concept pourrait être littéralement traduisible par le titre de son précédent film. Nouvelle redite, rien de neuf, kif-kif bourricot ? Que nenni. Le high concept de ce nouveau long-métrage s’écarte en effet du principe d’un plan-séquence unique conçu pour combiner plusieurs espaces temporels à un instant T, et s’en va tutoyer davantage la logique de l’une des plus grandes comédies américaines de tous les temps ("Un jour sans fin" pour ne pas la citer), piégeant ainsi divers protagonistes – tous employés ou clients d’un hôtel situé dans le village bucolique de Kibune – dans une boucle infernale de deux minutes qui les contraint à en trouver coûte que coûte l’origine et à combiner leurs forces pour y mettre fin avant que la prochaine boucle ne s’enclenche !

Hors de question d’en révéler davantage (et surtout pas le pourquoi du comment) sur un scénario aussi fou, basé sur une enfilade effrénée d’effets de surprise. Tout ce qui importe pour éviter toute forme de spoiler se résume à insister sur l’absence totale de temps mort ou de surplace jusqu’au bout, vu la virtuosité avec laquelle Yamaguchi, armé d’une caméra mobile sans aucune propension à l’instabilité, explore le moindre recoin de son décor et brise sans cesse toute sensation de routine par des volte-faces narratives à la fois imprévisibles et bidonnantes. Lisible et jubilatoire de A à Z, porté par une inventivité de chaque instant, riche de percées bien absurdes sur la condition humaine (surtout au travers d’un personnage d’écrivain franchement atteint !) et d’une histoire d’amour s’imposant peu à peu comme la colonne vertébrale de l’ensemble, cette pépite nippone avec rien dans les poches et tout dans la tête, déploie assez de trouvailles et d’inventivité pour troquer le moindre mal de tête contre un yo-yo émotionnel de premier ordre. Bref, tout pour s’ajouter en pépite complémentaire du récent "Comme un lundi" et s’imposer en petit classique du genre.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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