EMMA PEETERS
Le portrait fantaisiste d'une jeune femme usée
Après 10 ans passés à Paris, Emma Peeters, épuisée, doit se résoudre au fait qu’elle ne sera jamais actrice. Vendeuse d’électroménager, figurante ou abonnée aux pubs pour lessive, elle pète un câble lorsqu’elle est désignée employée du mois. Épuisée, c’est décidé, elle se donnera la mort le jour de son 35e anniversaire. Préparant le jour funeste, elle fait la connaissance d’Alex, un empliyé des pompes funèbres qui a plein d’idées pour elle…
Le second long métrage de Nicole Palo ("Get Born") a eu l'honneur de faire la clôture des Venice Days (les Journées des auteurs) au Festival de Venise 2018, provoquant une jolie vague de rires en cette fin de festival . Étonnante comédie romantique, particulièrement rythmée, "Emma Peeters" nous entraîne dans la vie d'une jeune femme de 34 ans, épuisée, qui devant l’absence de perspective (que lui confirme ironique un gourou…), est bien décidée à se donner la mort dans une semaine, le jour de son anniversaire.
La première partie du film est ainsi un véritable délice de drôlerie, accumulant les ennuis autour d'Emma, méprisée dans les castings (où elle n’a rien à montrer sauf une pub pour lessive...), condamnée à de l’éternelle figuration, vendeuse antipathique d’électroménager chez Tardy, pétant un câble lorsqu'elle devient employée du mois. Virant soudainement à la comédie romantique, alors qu'elle rencontre un croque mort et qu'elle décide de réaliser une à une les choses qu'elle croit devoir faire avant de mourir, le film gagne alors en fantaisie.
Il faut dire que les idées de l’employé des pompes funèbres constituent déjà un catalogue propre à faire sourire les plus récalcitrants : promos sur les cercueils, emploi de lloronas à domicile (ces pleureuses espagnoles qui entourent les familles…), ou encore usage de phrases toutes faites sensées provoquer l’empathie… La fantaisie s’immisce aussi dans la mise en scène, la réalisatrice se permettant quelques apartés dans son récit globalement linéaire, avec entre autres de faux (et hilarants) tutos sur internet sur les moyens pour mourir, ou une jolie scène tournée façon film muet.
Donnant alors un peu de distance face aux points potentiellement les plus délicats, ce parti pris permet aussi aux deux interprètes de disposer d’un peu plus de liberté. Si la liste des choses à faire avant de mourir est une idée déjà exploitée, "Ma vie sans moi" d’Isabelle Coixet, basé sur le même principe, était cependant un vrai film dramatique, les idées développées ici (trier ses livres, baiser une dernière fois, donner le chat, vivre une dernière soirée arrosée…) sont de vraies source de comédie, et se retournent finalement en génératrices d’un élan vital. Et au final, Emma Petters et sa formidable actrice Monia Chokri, a de quoi nous donner un sacré peps.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur