Festival Que du feu 2024 encart

ELVIS

Un film de Baz Luhrmann

Un sacre fantasque et fabuleux pour le King

Lorsqu’il entend la voix du jeune Elvis, le colonel Parker sait qu’il détient la prochaine star du rock. Il va alors tout faire pour devenir son manager et l’ériger en mythe…

Elvis film movie

En s’attaquant à l’icône Elvis Presley, on ne s’attendait pas à ce que Baz Luhrmann nous livre un biopic classique, un résumé linéaire du musicien ayant vendu le plus de disques dans le monde. Son goût du grandiose et de la démesure devait donner naissance à une œuvre plus hystérique. Les premières secondes confirment notre hypothèse, le spectateur est immergé dans l’univers du cinéaste, bien plus que du chanteur. Aucun doute, ce kitsch, cette mise en scène grandiloquente, ses effets de caméra virevoltants, le réalisateur australien s’est fait plaisir. Là où l’entreprise aurait pu n’être qu’une vulgaire scénographie, elle s’avère être le parfait écrin pour retracer la légende. Et ce n’est donc pas anodin si le métrage s’ouvre sur le paradis de l’artificiel et de l’outrance : Las Vegas. En aurait-il pu être autrement pour un film qui ne veut pas exposer l’homme mais nous inviter dans la folie qu’a été le mythe Elvis ?

Évidemment, ceux qui espéraient une véracité sur la vie de l’artiste risquent d’être déçus, tout comme les aficionados de la sobriété. Ici, les dates n’ont que peu d’importance, les faits sont probablement pour la plupart imaginaires ; l’important n’est pas là, il se situe dans ce voyage électrique où les guitares vibrent et la frénésie ambiante se banalise. Surtout, cet objet cinématographique saturé et hyperbolique n’est pas que le récit de l’existence du rockeur, mais bien l’histoire d’une Amérique à l’innocence perdue. En arrière-plan, ce sont les tensions d’un pays qui nous sont racontées, cette opposition constante entre deux entités : l’art et le commerce, le bien et le mal, les blancs et les noirs. En mélangeant des rythmes de blues et de rock, Elvis Presley faisait bien plus que de créer un nouveau genre musical, il mêlait deux cultures irréconciliables, puisque portées par des couleurs de peau différentes. Dans son déhanché, les élites puritaines voyaient un affront, une honte, la possibilité d’une société où la ségrégation n’aurait plus sa place.

Bouillonnant et explosif, le film opte également pour un procédé pertinent : offrir la narration à l’antagoniste, le vilain, pour nous guider dans les méandres de cette âme vendue au diable du show business. Le Colonel Parker nous promène alors de décours en décors, de la fête foraine façon "Nightmare Alley" aux maisons luxueuses, jusqu’à la prison dorée de l’Intercontinental Hotel. Car c’est précisément ce qu’"Elvis" raconte, l’enfermement progressif d’un personnage dans un mirage dont il ne peut pas s’échapper, bourré de médicaments pour le faire monter sur scène et oublier ses aspirations. Dans cette dernière partie, où le visage est bouffi et les plans en extérieur inexistants, le métrage se pare d’une couche dramatique plus assumée, où les excès esthétiques se réduisent pour nous laisser contempler, pour la première fois, l’être humain, ou tout du moins ce qu’il en reste. Le trip est vertigineux, porté par un Austin Butler impressionnant. Le roi est mort, vive le roi !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

À LIRE ÉGALEMENT

Laisser un commentaire