EL CASTILLO
Entre documentaire et fiction
Justina est installée avec sa fille Alexia dans un petit château de la campagne argentine, que lui a été cédé par une ancienne actrice, dont elle était la bonne, ceci à condition qu’elle n’en parte pas. Le week-end, la famille de l’ancienne patronne s’invite, venant leur rendre visite. Sous l’accumulation des problèmes, alors qu’elle ne devrait pas, Justina semble finalement prête à vendre ces lieux qui se détériorent progressivement, et les premières visites ont lieu…
"El Castillo" s'ouvre sur un rituel matinal, durant lequel Justina, à l'aube, ouvre l'ensemble des fenêtres du château, et joue un instant du cor, pour appeler les vaches. Un rituel qui se produira à l'inverse, un peu avant la fin du film. Justina Olivo et Alexia Caminos Olivo sont réellement mère et fille, et la base de leur histoire (l'héritage de ce château) est vraie, faisant pencher le film du côté du documentaire. Et pourtant les situations ont été écrites, jouées voire rejouées, le réalisateur Martín Benchimol ("El Espanto") se gardant bien de dévoiler la part de vrai dans les relations décrites avec les extérieurs, ou dans le désir de partir d'ici, certes marqué chez la fille, moins chez la mère.
Le film décrit parfaitement l'état de déliquescence des lieux (à la première pluie, elles sortent les bâches et les seaux, quand la famille arrive on apprend qu'il y a un problème d'eau...), comme s'il s'agissait là d'un rêve d'ascension sociale impossible, les deux femmes n'ayant pas les moyens d'entretenir pareille demeure. Si un drapeau LGBT s'affiche dans la chambre de la fille, qui s'organise avec une copine, une fête maison dans l'une des pièces, le reste du scénario peine à faire passer autre choses que les hésitations de la mère à vendre ces lieux, à la fois paisibles et presque irréels. On reste donc au final un peu sur sa faim, malgré l’aspect conte renforcé par la place étonnante donnée aux animaux (un chat, un agneau, un porcelet…), face à un double portrait sans doute pas assez intime pour qu'on y adhère totalement.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur