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EFFRACTION

Un film de Joel Schumacher

Blood Diamond

Kyle Miller est un négociant en diamants et consacre presque toute sa vie à cette entreprise, délaissant épouse et enfant. De retour de voyage d’affaire, il retrouve sa femme Sarah et sa fille Avery au sein de sa luxueuse maison, lorsque soudainement un groupe d’individus armés pénètre dans la maison. Leur but : extorquer l’argent de l’homme d’affaire. Entre mensonges et trahisons, il semblerait que l’argent ne soit pas le seul motif au centre de cette histoire…

Depuis “Twelve”, Joel Schumacher en tant que réalisateur n’avait pas fait grand chose, et depuis l’excellent “Phone Game”, même rien de très mémorable. Alors son nouveau projet, avec Schumacher, Cage et Kidman, nous offrait un trio qui sur le papier a du potentiel… Mais qu'en est-il en vrai ? “Trespass” met en scène une prise d’otage et la phase de la négociation de la rançon avec un des otages lui même, ceci pendant près d’1h30. À la lecture de ces lignes, on s’imaginera peut-être à un feuilleton haletant, un mix de “Phone Game”, et de “Carnage” (Polanski). Oui ? Et bien non.

Le dernier long métrage de Schumacher manque simplement de corps et d’audace. La faute au casting ? Sans doute pas entièrement. J’ai toujours pensé que Nicolas Cage était un grand acteur : ses rôles dans “8mm”, “Snake Eyes” ou encore “Lord of War” sont de très belles vitrines. Mais malheureusement ses choix de films ne sont pas à chaque fois dignes des annales du cinéma. Dans ce long métrage, ”The Lord” s’en tire plutôt bien : un petit rôle de composition, présentant un personnage apeuré, telle la bête pris au piège et qui attend de se faire abattre ; mais alternant aussi avec un père de famille en colère, tel le loup voulant protéger sa meute. Mais notre loup ne cacherait-il pas, en plus des diamants, un côté renard finalement ? Il compose donc ici un personnage définitivement intéressant.

Nicole Kidman quant à elle, joue la femme esseulée tantôt torturée intérieurement, tantôt à extérioriser son angoisse et ses troubles... Elle n’est pas mauvaise mais on ne ressent rien. Les spectateurs seront sans doute unanimes pour affirmer que cette actrice a de la prestance, une beauté et une présence naturelle. Mais elle n’apporte vraiment rien de plus. Elle est juste passe-partout pour qui veut un caméléon dans son casting, surtout ici. Un mot sur Cam Gigandet, cet acteur qu’on commence à voir partout. Il se débrouille et a des allures d’Ethan Hawke par moments (on croirait voir Sully dans “Little New York” de James De Monaco), ce qui lui donne un certain charme dans son rôle, mais lui aussi rien de plus.

En soulevant ces deux derniers lièvres, je tire toute la portée qui va avec : de manière globale ce film n’apporte pas son lot de suspense, de tensions et les surprises (si surprises il y a) n’ont pas plus d’effet qu’un kinder. Côté mise en scène, plans et immersion dans l’environnement, tout cela paraît bien incomplet. Si on compare à “Phone Game”, où globalement la scène aussi tourne autours d’un axe central, on peut dire que ”Trespass”, avec un budget 3 fois plus grand est 3 fois moins intense. On ne s’embête pas mais on ne ressent rien. C’est un peu comme boire un martini blanc dans lequel les trois glaçons auraient fondu : ça n’a presque plus de saveur.

Pour un huis clos, sans doute que trop d’espace et trop de liberté ont fait perdre à ce film la sensation de cloisonnement, d’enfermement et de pression. Sans aller jusqu’à un ”Fenêtre sur cour” (Hitchcock) par exemple, ”Trespass” aurait du canaliser l’attention du spectateur sur une scène plus réduite et ne pas s’éparpiller sur tant de personnages tout en supprimant les flashbacks, briseurs de l’instant présent (un seul à la fin du film aurait peut-être suffit). Lui donner le souffle haletant d’un“8mm” aurait pu être aussi un atout. À l’instar des diamants de Ian Flemming, ce film tout juste divertissant, ne sera pas éternel dans nos mémoires.

Jean-Philippe MartinEnvoyer un message au rédacteur

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