EDGE OF TOMORROW
Un jour sans fin ?
"Edge of Tomorrow" démarre à la manière d'un film d'anticipation, à la fois efficace et percutant, dont l'arrivée concomitante sur nos écrans avec les commémorations des 70 ans du débarquement en Normandie, n'est pas sans dédoubler l'intérêt qu'il suscite. D'autant plus que le fond du film s'appuie lui même sur la notion de mémoire, notamment de batailles symboliques, telles Verdun, qui du symbole d'un conflit enlisé – mais aussi d'un point d'arrêt d'une invasion – devient celui d'une victoire sensée avoir renversé le cours d'un conflit ; avec l'arrivée d'armes sous forme d'exosquelettes, permettant aux hommes d'être de super-soldats.
Puis le film bascule dans une boucle temporelle, que l'anti-héros (le lâche planqué joué par Tom Cruise) va revivre éternellement, espérant en changer le déroulement, lié à l'issue de cette guerre qui semble perdue d'avance. À la manière d' "Un jour sans fin" (version entraînement et combat musclés face à des extra-terrestres aux formes tentaculaires destructrices), c'est à l'intelligence de l'Homme et à ses propres capacités tactique et de mémorisation que le scénario fait appel. Jouant sur le rythme de la répétition, le metteur en scène de "La Mémoire dans la peau" conte les avancées de son histoire par bribes, éludant l'explication de certains progrès, ou au contraire multipliant les retours en arrières (voir le passage où Emilie Blunt tue toutes les 20 secondes un Tom Cruise mal entraîné...).
Car c'est lorsqu'il meurt que notre futur héros revient en arrière (on vous laissera découvrir pourquoi, ainsi que les enjeux qui vont avec). Mais en dehors de l'aspect uniquement tactique de l'ensemble, cette histoire de combat pour la survie de l'humanité pointe intelligemment l'importance fondamentale de la communication dans la gestion des conflits, ainsi que celle de l'entretien de l'espoir. Construit sur le sublime paradoxe d'un ennemi qui utilise l'espoir mouvant l'être humain pour mieux l'anéantir, le scénario, tiré du light novel (ou wasei-eigo) d'Hiroshi Sakurazaka intitulé All You Need Is Kill, brille par son intelligence, jouant sur l'espoir suscité auprès du spectateur, de voir le personnage principal réussir à modifier le destin de l'humanité. Un piège auquel peu sauront échapper.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur