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THE EAST

Un film de Zal Batmanglij

Terrorisme vert ou légende urbaine

Sarah Moss, ancienne agent du FBI, est chargée par une société privée d'infiltrer une organisation secrète dénommée "The east", qui organise des actions contre des multinationales qu'elle juge responsable de crime envers les citoyens, la société ou l'environnement...

Dans un monde où élus et grandes firmes semblent bénéficier d'impunité et où les citoyens peinent à trouver une justice à la hauteur de leurs préjudices, qui n'a pas rêvé de faire leur fête à ceux qui polluent, empoisonnent, assassinent leur congénères pour faire de l'argent ou préserver les dividendes de leurs actionnaires ? "The east", au delà du réalisme "Night moves" de Kelly Reichardt avec Jesse Eisenberg, qui interrogeait culpabilité et militantisme, verse plutôt dans le thriller, sur fond de questionnement écolo et de rapports à la formation des élites.

L'immersion de l'héroïne, dont on se dit au bout d'un temps qu'elle est bien peu prudente (et donc professionnelle), permet de mieux introduire les membres d'un groupe, dont le scénario, malin, dévoile peu à peu les motivations et les trauma. Réservant ainsi de nombreuses surprises, celui-ci n'emprunte pas tout à fait le chemin balisé prévu, préférant l'humain au sensationnel, et provoquant un mélange d'effroi et de compassion, notamment lorsque l'on découvre la nature des actions envisagées et leurs implications parfois personnelles.

Efficace, "The east" installe une réelle tension et parvient autant à émouvoir qu'à faire froid dans le dos, interpellant la capacité de chacun à agir, dans la limite (ou non) de la loi. Bénéficiant d'un casting impeccable, avec en tête une Brit Marling ("Another earth", et prochainement dans « I origins » et « The better angels ») ambitieuse et aux aguets, et une Ellen Page ("Juno", "Inception") méfiante et lointaine, le film a tout pour séduire un public adolescent en pleine phase de rébellion et d'adultes adeptes de cas de consciences. Un film utile et dans l'air du temps, au dénouement peut-être un peu trop politiquement correct.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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