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E-LOVE

Un film de Anne Villacèque

Joies et désenchantement des rencontres préméditées

Paule Zachmann est professeur de philosophie. Elle a des lunettes énormes mais s’est jurée qu’aucun homme ne la verrait jamais avec. Arrivée à 50 ans, elle n’a qu’une peur bleue : que son mari lui soit infidèle. Maladroitement, elle engage la conversation avec lui sur ce sujet…

Diffusé le 10 juin 2011 sur Arte

Quand Anne Consigny se retrouve dans un film co-écrit par Sophie Fillières, cela donne une jolie fable désenchantée sur les possibilités de nouvelles rencontres, une fois la cinquantaine atteinte. Un comédie sympathique, matinée d'une pointe d'amertume, dans laquelle le personnage (féminin) principal a la mauvaise idée de dire à son conjoint qu'elle pourrait parfaitement encaisser si celui-ci lui avouait qu'il a une liaison. En bon lâche, ce dernier en profite alors pour proposer un break. Se rendant vite compte du piège dans lequel elle est tombée, commence pour elle un cycle de rencontres, entre bonté du hasard et rendez-vous calculés par le biais d'internet.

En sortant rapidement son personnage de sa position de victime (qui fantasme par moment, en images, des réparties bien senties, histoire de blesser son ex-partenaire), la réalisatrice lui confère un comportement assimilable à celui d'un homme célibataire, qui profite librement de sa sexualité, et crée ainsi la condition de la comédie. Bien écrite, celle-ci nous propose, au travers des expériences de cette femme malheureuse bien décidée à retrouver un compagnon, un bestiaire hallucinant, dont chacun pourra s'amuser à souhait: le psy manipulateur et perturbé par son apparence, le black jouisseur, le banlieusard vulgaire, l'arabe possessif... Bref, les hommes en prenne pour leur grade.

Mais au travers de ce film, ce sont les rêves de rencontres préméditées qui sont surtout visés. Paule s'inscrit à un prometteur « lamesoeur.com » et déchante rapidement, face à des photos datées, des hommes trop âgés, des gens pressés. Au travers de ses expériences, des pires humiliations aux limites de l'échangisme, elle nous confirme que « le réel c'est quand on se prend des baffes ». Si toute rencontre signifie donc une mise en danger, elle a cependant certainement raison lorsqu'elle affirme que « la vie c'est mieux que cela », que rien ne vaut de se laisser surprendre, de faire confiance au hasard. Dans ce rôle de femme un peu perdue, touchante dans ses espoirs parfois mal placé, Anne Consigny rayonne. Tout simplement.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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