D'UNE SEULE VOIX
La musique adoucit les moeurs
On ne compte plus les multiples œuvres cinématographiques tentant, tant bien que mal, d'unifier les peuples israélien et palestinien, en conflit depuis des décennies. Les fictions sont nombreuses, les documentaires mettant en scène l'amitié, beaucoup moins. Xavier de Lauzanne a collecté plus de quatre-vingt heures de rushes en suivant ce projet pour le moins atypique.
La première demi-heure a de quoi inquiéter. On y retrouve l'effet "Marching band" avec un discours utopiste et illusoire qui ne cesse de matraquer la philosophie suivante : "la musique unifie les peuples et apporte la paix". Seulement, cette première partie ne fait que témoigner de l'enthousiasme des musiciens pendant la préparation de cette grande tournée symbolique.
Heureusement, c'est pendant celle-ci que le documentaire prend une tournure bien plus intéressante, en nous montrant les premières altercations entre les musiciens. L'instigateur du projet, Jean-Yves Labat de Rossi, a beau revendiquer un acte apolitique et refuser toute propagande envers l'une ou l'autre des parties, une atmosphère de conflit règne pendant les premières dates. Le choc des cultures et des manières de vivre sont à gérer, en plus des quelques actes de provocation et plaintes injustifiées envers tel ou tel symbole. A coté de ces altercations mineures, on assiste à de belles preuves d'amitié comme celle entre une chanteuse juive et une danseuse palestinienne.
En clair, De Lauzanne monte brillamment son documentaire, alternant des messages d'espoir à l'image d'Eti & Saz, duo israélo-palestinien, véritable symbole de cette tournée, et des considérations plus terre-à-terre comme ce débat dans l'autocar. La plupart des intervenants ne sont d'ailleurs pas dupes et sont conscients que le chemin vers la paix sera long et douloureux. Ce constat est d'ailleurs durement rappelé à la fin du documentaire. Alors certes, cette tournée est loin d'être la solution miracle aux problèmes géopolitiques de la région, mais il s'agit néanmoins d'un bel espoir pour la paix que Xavier de Lauzanne a su retranscrire, avec une humilité et une impartialité remarquables.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur