DUNE 2
Un second volet entre action et jeux de pouvoir
Alors que Paul Atreides et sa mère s’unissent aux Fremen, cette dernière boit « l’eau de la vie » et devient révérende mère, à la place de celle actuellement mourante. Elle commence alors à répandre la nouvelle qu’il est l’élu que ce peuple attend pour le mener à la liberté et transformer leur planète désertique en paradis vert. Les Fremen stockent en effet depuis longtemps en sous-sol dans des bassins, l’eau issue des corps de leurs défunts, afin d’irriguer un jour le désert. Participant aux attentats sur les machines qui récoltent l’épice, Paul montre un talent pour le combat qui éveille aussi la même croyance chez certains, qui voit en lui se concrétiser la prophétie…
Il aura donc fallu près de deux ans et demi, du fait de la grève des acteurs hollywoodiens, avant de découvrir "Dune : deuxième partie", dont la sortie était initialement prévue en novembre dernier. Après un premier chapitre ("Dune"), passé par le Festival de Venise, et plutôt contemplatif, ce second volet reprend l'histoire où elle s'était arrêté, Paul Atreides, accueilli par les Fremen, tentant d'apprendre leurs usages et de participer à leur rebellion. Introduisant de nombreux nouveaux personnages secondaires, l'intrigue, adaptée du roman éponyme de Frank Herbert (1965), se présente comme un épisode qui appelle lui aussi une suite, puisque la saga comporte 5 autres livres. Un épisode qui offre tout de même une sorte de conclusion.
Car sous-tendant ce nouveau film, résolument tourné vers l'action, se trouvent un doute, celui entre prophétie et fabrication d'une légende, et surtout un dilemme, le choix entre l'amour et le pouvoir. Au-delà d'enjeux schématiques sur le bien et le mal qui alimentent d'autres sagas ("Star Wars" par exemple), de tout cela dépend rien de moins que la liberté d'un peuple et l'équilibre de l'univers, ce qui met un certain poids sur les épaules du héros, interprété par Timothée Chalamet ("Call Me by your Name"). Étoile au milieu d'un casting remarquable, il est désormais au cœur de manœuvres complexes entre différentes familles, influences et intérêts.
La mise en scène fait à nouveau la part belle à des paysages, édifices ou vaisseaux impressionnants, se permettant de passer en noir et blanc lorsqu'il s'agit de représenter l'univers violent et glaçant des Harkonnen, dont une immense arène de jeux. Le fils, Feyd-Rautha Harkonnen (interprété par Austin Butler, le "Elvis" de Baz Luhrmann), à la bouche noire effrayante, deviendra d'ailleurs le rival principal de Paul Atreides. Quant aux scènes d'actions, elles sont légions, qu'il s'agisse de montrer les multiples attaques sur les monstrueuses machines récoltant l'épice (3 scènes épiques), ou des scènes d'initiation de Paul parmi les Fremen, dont le dressage des vers géants, qui se transforme ici en une immersion réussie dans un déluge de sable et de lumière. Ajoutez également quelques sublimes scènes de foules, alors que la révolte se prépare (un plan zénithal de Paul se frayant un chemin, ou la réunion à perte de vue des habitants du sud de la planète Arrakis, en sous-terrain), et oui, le grand spectacle est bien au rendez-vous ! Un film à voir et à revoir, pour mieux en saisir les enjeux, en attendant (avec impatience) la suite.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur