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DORA OU LES NÉVROSES SEXUELLES DE NOS PARENTS

Le handicap mental appréhendé avec tact

Dora a 18 ans. Elle est à l'âge où l'on découvre son corps et ses pulsions. Mais Dora est handicapée. Sa mère, gênée, décide d'arrêter son traitement qui diminue ses capacités...

Ce film allemand est l'un des trop rares à aborder la question du handicap mental, sous l'angle de la possibilité d'avoir une vie sexuelle. Un autre film, certes plus inspiré, « Margarita with a straw », abordera la même question sous l'angle du handicap moteur. Sensible et faisant preuve d'un certain humour, le scénario n'évite ainsi aucune question, de la bestialité des pulsions naturelles jusqu'aux risques liés au peu de conscience des implications possibles (grossesse, santé, responsabilité...).

La mise en scène aborde avec tact tout ce qui pèse dans le quotidien de Dora. La première image, floue, montre le malaise provoqué par la prise de médicaments. Lors des soins dans l'eau, les gros plans mettent en avant les yeux et les pieds. Les sensations éprouvées par le personnage sont exprimées en caméra subjective, par des gros plans sur des parties de son visage, ou par des contre-plongées inquiétantes. Tout cela sent malheureusement un peu trop l'exercice de style pour ne pas lasser.

Ne ménageant pas l'angoisse du spectateur, le scénario ne choisit pas la voie la plus facile en mettant rapidement son personnage dans les griffes d'une sorte de prédateur sexuel, des plus manipulateurs. Focalisant ainsi l'attention sur la naïveté de cette jeune fille, mais aussi sur ses difficultés à cadrer dans le monde qui l'entourage, c'est un portrait touchant qui se dégage peu à peu. Ceci surtout grâce à une actrice formidable : Victoria Schulz, dont la fragilité et les élans rebelles transparaissent à l'écran.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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