DOMINO
Dans ta gueule
Après son sublime "Man on Fire" au travers duquel il atteignait une certaine plénitude stylistique, Tony Scott pousse le bouchon encore plus loin pour un résultat totalement déconcertant. Car loin de renier ce qui a fait sa particularité ces dernières années, le réal’ de "Spy Game" et "True Romance" va jusqu’au bout de ses expérimentations clippesques et picturales : photo ultra saturée, montage ultra cut, narration ultra digressive… Tout est « ultra » dans ce film alternant le consternant et le sublime au fil de ses images survoltées.
On en oublierait presque l’argument exposé au début : l’histoire presque vraie de Domino Harvey, mannequin devenue chasseuse de primes. Impossible de savoir si son parcours est émouvant, édifiant ou si on s’en branle. Tony Scott va très loin, fustige le bon goût (scène ridicule lors du "Jerry Springer Show"), balance sans prévenir une décharge d’émotion brute (Domino et Choco faisant l’amour en plein désert), verse dans le politico-portnawak (l’Afghan voulant libérer son pays) ou la satire télévisuelle culottée (les stars TV prises en otage).
Difficile de s’y retrouver et de ne pas sortir de la salle lessivé, cérébralement et émotionnellement épuisé par ce film aussi viscéral que bordélique. La BO est raccord, alternant rap West Coast gonflant et rock latino assez puissant. Finalement, "Domino" est un film qui se reçoit comme une « balle dans la tête » : la trajectoire est incertaine, le résultat pas forcément agréable mais incontestablement fort.
Thomas BourgeoisEnvoyer un message au rédacteur