Festival Que du feu 2024 encart

DIVORCE CLUB

Un film de Michaël Youn

Le meilleur comme le pire

Ben découvre, de la manière la plus odieuse qui soit, que sa femme le trompe, un micro resté ouvert permettant à tous ses collègues d’appendre en même temps la nouvelle. En route pour un divorce qu’il ne souhaite pas, il retrouve par hasard Patrick, un copain de fac qui a réussi et qui l’invite à vivre quelques temps dans sa grande maison de divorcé. Rejeté par ses amis, pathétique, il tache néanmoins d’assurer un minimum dans son métier d’agent immobilier…

Divorce Club film image

Nouveau film de réalisateur de Michaël Youn, après "Fatal" et "Vive la France", "Divorce Club" est reparti du dernier Festival de l’Alpe d’Huez avec à la fois le Grand Prix, le Prix du public et celui de la presse, laissant forcément ceux qui comme moi, n’ont pas été du tout réceptifs au film, dans un certain état de perplexité.

Certes le film fourmille d’idées, aligne les gags plus ou moins digestes, à raison d’un à la minute, mais il se construit à la manière d’une compilation maladroite autour d’un scénario alibi (pas autant que pour le film à sketches "Les 11 Commandements", mais pas si loin), offrant une vision très réductrice des affres du divorce (rejet par les proches pour lesquels on devient « toxique », premiers pas difficile à franchir vers des liaisons passagères, célibat forcené et forcément festif...) avant de virer à la romance simpliste agrémentée d’un coup du hasard plus que téléphoné.

Un temps plutôt charmante, cette bluette entre Arnaud Ducret et l’excellente Caroline Anglade (leur rencontre dans un Sex Shop potentiellement transformable en salle de sport est un délice de jeu sur les mots) vire donc malheureusement très vite à la caricature. Heureusement, on pourra s’amuser de quelques seconds rôles improbables, qu’il s’agisse du lémurien Michel (la scène de la piscine est assez irrésistible), ou du personnage de Frédérique Bel, vampe psychopathe, dont les apparitions récurrentes apportent de réelles bouffées d’oxygène dans la deuxième partie du film, provoquant à chaque fois une réelle surprise.

Le trio d’interprètes principaux s’avère également attachant, qu’il s’agisse d’Arnaud Ducret (fraîchement séparé), François-Xavier Demaison (son ami d’enfance riche et divorcé) et Audrey Fleurot (leur amie organisatrice de mariages, plaquée, qui les rejoint dans leur colocation festive). Malheureusement, lorgnant avec maladresse du côté de "Babysitting", les passages montrant les joies du célibat, montés de manière clipesque pour souligner leur aspect « tellement fun », relèvent d’excès très estampillés testostérone (vitesse, bagnoles, boisson, drogue, sexe, glisse...) et ont du mal à nous arracher un sourire.

Et que dire des quelques personnages caricaturaux qui apparaissent ça et la (comme le serviteur basané qui sent "La cage aux folles" a plein nez, ou les parents juifs…), de l’utilisation gadget du groupe Kool ans the Gang ou encore des tentatives malheureuses de détournement des codes du western ou du film de boxe. Si l’on a toujours eu une certaine tendresse pour les frasques du Michaël Youn du Morning Live, et pour son don à pousser le bouchon toujours un peu trop loin, et qu’on est en droit du lui reconnaître un talent pour le gag isolé comme pour embarquer avec lui toute une bande de joyeux drilles, on espère qu’un beau jour il s’alliera avec des scénaristes capables de créer un véritable lien entre les milliers d’idées qui semblent traverser son foisonnant cerveau.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

À LIRE ÉGALEMENT

Laisser un commentaire