DIPLODOCUS

Un film de Wojtek Wawszczyk

Une jolie ode à l’imagination

Diplodocus, un petit Dinosaure aux oreilles en feuille de chou, vit avec sa famille dans une zone terreuse, où l’on trouve un lac de boue et des ossements. Depuis la colline, celui-ci aperçoit une forêt dans laquelle il n’a pas le droit de s’aventurer. Mais Diplodocus n’est en fait que le fruit de l’imagination d’un dessinateur, dont l’éditrice lui demande de créer un personnage tout mignon pour un magazine. Pour cela, elle lui intime de faire preuve d’imagination et de faire table rase de ses autres projets. Celui-ci commence alors à effacer les planches sur lesquelles figure le monde de Diplodocus. Voyant sa famille disparaître et se sentant en danger, celui-ci s’enfuit dans la forêt, avant de trouver le moyen de changer d’univers, se retrouvant ainsi dans une autre histoire dessinée par le même auteur. Il fait alors la rencontre d’un magicien prénommé Hocus Pocus, qui ne connaît qu’un seul tour : transformer les gens en souris…

Voilà bien longtemps que l’on avait pas été autant enthousiasmé par un film faisant interagir des personnages réels (ici un dessinateur et son éditrice tyrannique) et des personnages imaginaires, dans un monde entièrement ou partiellement animé. Il ne faut peut être pas pour cela remonter au premier volet de "L'Histoire sans fin", dont la chanson titre a été remise au goût du jour par la série "Stranger Things", mais pas loin, car ce ne sont pas les épisodes des "Schtroumpfs" ou de "Scooby-Doo" qui auront marqué les mémoires. Ici c’est donc la gomme d’un auteur sous pression, auquel on demande de standardiser son imaginaire pour plaire au plus grand nombre, qui fera le lien entre la partie animée (prépondérante) dans laquelle un petit dinosaure, Diplodocus, passe de monde en monde, tentant d’échapper à l’effacement, et cet appartement d’un dessinateur au succès passé.

Le film est à la fois riche en personnages secondaires, à commencer par le magicien Hocus Pocus, traumatisé pour avoir transformé ses parents en souris (un flash-back délicieusement drôle) – le seul tour qu’il sait réaliser, un scientifique un peu timbré dont la chevelure blanche en pétard fait penser à Einstein, des oignions aux grands yeux, un rien flippant par leur nombre… Le passage d’univers en univers, tous imaginés par l’artiste, se fait par un tourbillon d’images, nous entraînant d’une zone volcanique, vers un monde pseudo-médiéval, un désert égyptien, un monde glacé plein d’icebergs… Mais les moments les plus intéressants du métrage ont lieu alors que le monde imaginaire parvient à attirer le dessinateur dans le dessin.

Permettant à chacun des personnages de prendre conscience de sa nature imaginaire et donc de sa possibilité d’évoluer par le dessin, le magicien pouvant alors s’emparer du crayon pour modifier son apparence (il se dote d’un nez crayonné, source de nombreux gags…) ou se doter de nouveaux dons. Avec une bonne dose d’aventure, qui mènera même les personnages dans le monde réel de l’auteur, "Diplodocus" assure un spectacle rythmé propre à stimuler l’imagination créative des enfants. Il s’avère une jolie ode à l’imagination et surtout au refus de la standardisation, trônant l’originalité et la fidélité à son art. Un film aussi divertissant que dépaysant et drôle, inspiré des comic books de Tadeusz Baranowski.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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Diplodocus Trailer 2024 from Human Film / PFX on Vimeo.

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