DÎNER À L'ANGLAISE

Un film de Matt Winn

Humour noir pour quasi huis clos

Un couple reçoit des amis à dîner pour la dernière fois dans leur maison londonienne, qu’ils vont vendre prochainement à prix d’or. Mais avec les invités arrive Jessica, écrivaine égocentrique qui vient de publier des sortes de mémoires et qui n’est pas forcément la bienvenue. D’emblée la femme, Sarah, commence à avoir quelques angoisses, celle-ci ayant ouvertement dragué son mari, Tom. Une mauvaise ambiance s’installe, d’autant que le mari du couple invité, Richard, est un avocat connu pour défendre des violeurs, et que Jessica jette un froid en affirmant avoir elle-même été violée. Mais alors que la soirée se poursuit, Jessica est retrouvée pendue dans le jardin. Après quelques hésitations, il est hors de question pour le couple d’hôtes d’appeler la police, car cela risquerait de faire capoter la vente de la maison, dont ils ont grandement besoin, Tom s’étant grandement endetté…

Prix spécial du jury au Festival de Dinard 2023, "Dîner à l’anglaise" est aussi passé par la compétition du Festival du film européen de Meyzieu et s’avère une comédie rythmée, à l’humour noir réjouissant. Réalisée par Matt Winn, elle joue la carte du quasi-huis clos, les décors se limitant à la maison en vente et son jardin, ainsi qu’à l’appartement de la fameuse Jessica, l’enjeu étant de ramener discrètement le corps de celle-ci chez elle, afin de ne pas faire perdre la maison en valeur et surtout de ne pas repousser la date de signature, pour s’assurer du remboursement des dettes. Si les enjeux sont particulièrement modernes avec les attitudes de chacun face à la perspective de tout perdre, entre chantages mesquins, comportements sans scrupule, ou sentiment de culpabilité, le scénario s’enferme un peu trop dans une mécanique de vaudeville qui multiplie les retournements de situation.

Car autant la localisation de la maison, loin d’être isolée, permet de provoquer quelques scènes délicieuses et gentiment amorales lorsque débarquent quelques personnages, comme une voisine admiratrice de l’écrivaine, deux policiers soupçonneux ou un acheteur surprenant, autant la superposition des enjeux amène ponctuellement un sentiment de trop plein (avec notamment les personnages de l’ouvrage écrit par Jessica, qui créent forcément le trouble au sein des couples…). Restent un quatuor d’interprètes plutôt bien composé, en tête duquel on soulignera le rôle un peu cyclothymique de la trop rare Shirley Henderson ("Le Journal de Bridget Jones", "Trainspotting", "24 Hour Party People"), ainsi qu’un surprenant gag récurent autour d’un clafoutis.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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