DIALOGUE AVEC MON JARDINIER
Un délicieux duo d'acteurs: Darroussin au sommet
Jean Becker est un habitué des films ruraux, que quelques uns qualifieront de « vieille France ». Pourtant, après « Les enfants du marais » ou « Effroyables jardins », son dernier film est au fond bien plus moderne qu'il ne semble. Sa bande annonce ancrée France profonde, est d'ailleurs assez trompeuse sur la qualité du propos, faisant l'éloge d'une certaine simplicité certe rural, face à une vie de citadins faite de vitesse et de superficialité. Le fait de terminer sur un plan montrant un couteau et un bout de ficelle, est plus d'ailleurs signifiant d'un message tourné vers l'appréciation de la vie et d'une positive débrouillardise.
La bonne idée de Becker a été d'agrémenter son film de micro flash-backs sur l'enfance des deux protagonistes ou la vie de couple du jardinier. Ce sont ces moments, qui, relativisant la sagesse de ses propos cyniques et bien sentis qui créent un certain équilibre au coeur du film. Adaptés d'un roman, les dialogues sont d'une excellente qualité et font mouche à tous les coups dans la bouche d'un Jean Pierre Darroussin goguenard et malins, dont les aspects désabusés feraient presque croire que chacune de ses histoires n'est que fantaisie simpliste.
Mais on se prend à rêver de son bonheur simple, parfois légèrement tourné en ridicule, à l'aide d'un regard de citadin adopté d'emblé. On l'observe comme Auteuil le fait, icrédule puis bouleversé. Du beau cinéma.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteurCOMMENTAIRES
DDatō
mercredi 20 juillet - 11h47
Merci Olivier Bachelard, pour cette critique sensible et intelligente. Tant de critiques hautains, qui pensent qu'user de termes universitaires tels que "analepses" ou "figures métonymiques" suffit à justifier de cracher sur des artistes qui creusent, affinent leur travail toute une vie...
...il suffit d'adopter une perspective qui embrasse amitié et condition humaine pour être touché par ce film — au lieu d'y chercher ce qu'il "aurait dû" être.
Le propos est de qualité en effet, le dernier plan magnifique, et les flash-backs (oui, les analepses, chers universitaires !) sont un contrepoint subtil.
Merci encore.
BD