THE DEVIL'S DOUBLE
La révélation Dominic Cooper
Latif, jeune homme irakien, est engagé malgré lui au début des années 90 pour être la doublure corporelle de Uday Hussein, le fils de Saddam Hussein, un ancien camarade de classe. Cherchant d’abord à s’échapper, mais sous le coup de menaces sur ses proches, il va ensuite tenter de jouer le jeu…
Sortie en DVD et Blu-ray le 2 mai 2012
Lee Tamahori, réalisateur néo-zélandais remarqué de "L'âme des guerriers", nous avait depuis un peu laissés sur notre faim, avec, outre un épisode de James Bond (« Meurs un autre jour »), des œuvres mineures tels "XXX2 The next level" ou "Next". Le voici incontestablement de retour sur le devant de la scène avec "The devil's double" (traduisez « La doublure du diable »), ceci grâce à une mise en scène coup de poing et à l'interprétation magistrale de Dominic Copper (« Mamma mia », « Tamara Drewe », « Une éducation ») en sosie de Uday Hussein, fils du dictateur irakien Saddam Hussein. Dans ce double rôle, le comédien excelle, tantôt homme sans identité, observateur involontaire des actions répréhensibles de celui qu'il sera amener à remplacer à l'occasion, ou selon son bon vouloir.
La peinture du fils du dictateur irakien est sans pitié, et sans réelles nuances, mais la composition est au niveau de ce portrait peu flatteur, et permet au réalisateur d'alterner opulence du luxe et éclairs d'une violence inouïe, la moindre contrariété étant susceptible de faire exploser son personnage central (ou tout au moins l'un des deux, l'autre s'étant déjà frotté aux réactions du plus puissant). La présentation de ce méchant donne le ton : arrivée en voiture de course, comportant de sale gosse, le cigare vissé au bec. L'image est à la fois prétentieuse et dénuée de fond. Au travers du regard de l'autre, le scénario explore les multiples visages de cet homme. Tantôt pervers névrotique, violent et admirateur de diverses techniques de tortures, le film le montre comme un chantre de la décadence (soirée avec une cour de jeunes femmes plus ou moins habillées, alcool, drogues en tous genres, attirance pour les écolières ou les drag-queen...).
Dans ce monde de pouvoir et d'argent, Tamahori semble parfaitement à l'aise et donne chair à tout un contexte politico-diplomatique, ainsi qu'à des personnages secondaires, qu'on aurait tout de même aimé sentir un rien plus consistants (comme celui du majordome-conseiller, ou celui de Ludivine Sagnier, vamp entraînée également dans ce monde superficiel, et qui n'arrête pas de changer de perruque comme de personnalité). Il n'hésite pas à nous plonger au cœur de l'irrationalité de son démon, faisant peu à peu monter la tension jusqu'au carnage attendu, tripes et doigts coupés à l'appui. Face au monstre, le héros fait le résistance, défiant son jumeau, et insufflant un certain suspense dans la deuxième partie du film, alors que la fuite est devenue la seule alternative possible face à l'horreur.
Au final, « The Devil's double » est un excellent thriller, offrant à Dominic Cooper un double rôle en or, et donnant une vision très « Miami » des palaces d'Hussein, où le marbre rivalise d'une beauté glacée avec les vêtements de marques qu'arborent les personnages. Un sans faute, à vous retourner les tripes.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur