DES FILLES EN NOIR
A mourir
Noémie et Priscilla sont le genre de filles gothiques, inséparables, presque recluses, haïssant le monde entier et rêvant qu'un destin funeste les emporte. Autant dire que Léa Tissier et Elise Lhomeau n'héritent pas de rôles faciles. Si seulement le réalisateur leur facilitait, au moins, la tâche… Mais non. En plus d'une réalisation plate, Jean-Paul Civeyrac tente, sans grande conviction, de nous faire entrer dans la psyché de ces filles en mal d'amour propre et qui voient tout en noir. Avec un récit elliptique au possible, ne se concentrant que sur les élucubrations des deux gamines et en omettant d'injecter un peu plus d'introspection dans leur mal être, le réalisateur ne les rend que d’autant plus agaçantes. Un manque d'épaisseur qui fait cruellement défaut face à un sujet aussi grave que le suicide.
Pour ceux n'ayant pas connu de période gothique durant leur adolescence, les sentiments des deux protagonistes restent d'autant plus durs à déchiffrer. Aucun tenant ni aboutissant dans leur style de vie ne vient éclaircir le rejet dont elles font constamment preuve. On se retrouve naturellement dans la situation de leurs parents, inquiets, impuissants et agacés par le comportement et les propos de leur progéniture. Hélas, Civeyrac ne parvient même pas à rendre les adultes crédibles. Le summum du ridicule se pointe même à l'issue d'un diner familial où l'un d'eux cherche à faire des avances à Priscilla. La séquence arrive comme un cheveu sur la soupe, sans même avoir été annoncée, comme par exemple par des plans sur des regards insistants. Risible. Tout du long, le film est à l'image de cette scène. Seul le moment où les jeunes filles sont sur le point de passer à l'acte nous sort un tant soit peu de notre consternation.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur