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DES CHEVAUX ET DES HOMMES

Relations communautaires codifiées

Alors qu'il rend visite à l'une de ses voisines sur sa belle jument Grana, Kolbeinn voit sa monture victime de l'assaut d'un cheval noir échappé de son enclos. La saillie est soudaine, et le cavalier, humilié, décide d'abattre sa bête...

Il est rare qu'arrivent jusque sur nos écrans des films de nationalité islandaise. Seule Solveig Anspach, qui vit en France, semble être la digne représentante d'un cinéma sans visibilité et pourtant inscrit dans une tradition d'humour nordique aussi noir que contemplatif.

Perdue dans les étendues ouvertes de la campagne islandaise, la communauté qu'observe Benedikt Erlingsson dans "Des chevaux et des hommes" se construit dans sa relation au cheval et dans le rôle de ce dernier comme médiateur de relations de voisinage codifiées. Car derrière chaque chapitre de ce film, introduit par le reflet dans un œil d'équidé du personnage qui prend temporairement le rôle principal, il y a une attitude humaine, liée à la fierté, la gourmandise, la propriété, l'indépendance, l'imprudence ou à la quête de l'amour.

Le premier volet raconte l'humiliation sous l'œil de voisins indiscrets, à la recherche du moindre événement en ces contrées isolées. Le second montre bravoure et volonté mal placée, au travers du périple aquatique d'un homme en quête désespérée de vodka. Le troisième met face à face deux voisins buttés, ironiquement punis chacun à leur manière. Le quatrième montre le caractère de la femme locale, sauvage et volontaire. Le cinquième raconte l'inexpérience d'un immigré espagnol qui devra sa survie au cheval. Quant au dernier il met les femmes en situation de rivalité farouche autour d'une belle image de tradition.

Dépaysant, doté d'un cynisme profond, ponctué de décès dont l'absurdité est soulignée par le sermon non moins risible du prêtre, "Des chevaux et des hommes" est un conte aux rares dialogues qui mérite le détour. Un voyage au pays où les comportements du cheval et de l'homme se complètent et se répondent dans une harmonie sauvage et rude comme cette contrée à part qu'est l'Islande.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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