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DÉMINEURS

Un film de Katherine Bigelow

Une impossible implication

En Irak, le technicien d’une équipe de démineurs décède lors de la tentative de désamorçage d’une bombe en pleine ville, déclenchée par erreur, à cause d’un téléphone portable. Il est rapidement remplacé par un casse cou qui ne fait pas l’unanimité par ses méthodes…

Près de deux ans après « Redacted » et « Dans la vallée d'Elah », Katherine Bigelow (« Point break ») surprend avec un nouveau film sur l'Irak et sur l'addiction à la guerre. Véritable choc visuel, « Hurt Locker » pose dès le départ sa caméra dans un contexte extrêmement dangereux. Un robot équipé d'une caméra approche doucement d'un tas de sacs poubelle, dans une rue où le silence inquiet rivalise d'oppression avec les sons vitaux assourdis qui résonnent dans les lourds casques des soldats. La sécheresse aussi est là, l'explosion provoquant le frémissement d'une terre aride, et le soulèvement de grains de sables peu accueillants. Et le travail, impressionnant, sur la bande son, à coup de déchirures de tissu, de claquement de portière ou de déclenchement surprise d'essui-glace, achève de rendre les lieux hostiles.

Avec à sa tête un spécialiste du déminage plutôt hors normes, cette équipe appelée sur les lieux les plus délicats provoque autant de fascination que d'inquiétude légitime. A force de deux ou trois cas exposés presque cliniquement, Bigelow met en évidence la paranoïa forcée due à la multitude de témoins, le caractère souvent invisible de la menace (voir l'excellente scène d'embuscade) et la nécessité de ne jamais s'impliquer ou fraterniser. L'horreur est ici vue de l'intérieur, tel un rouage indéfectible d'une guerre devenue occupation. En cela « Hurt locker » est un film redoutablement efficace, dans lequel la réalisatrice prend un malin plaisir à faire tuer les quelques acteurs connus qui traversent l'écran.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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